Par : Lounnas Meziani Guide de montagne et militant écologiste Depuis maintenant une vingtaine d'années, nous assistons à l'émergence d'un phénomène destructeur de notre environnement. Les saletés en tout genre envahissent nos forêts et affectent durement l'écosystème. Bouteilles d'eau en plastique, canettes et bouteilles de bière, sachets en plastique, assiettes et tasses jetables, papiers, et boîtes de conserves jonchent nos champs et forêts de l'Akfadou à Tikjda. Même les sites naturels protégés n'échappent pas à la main malveillante de l'homme. Il ne s'agit, ni plus ni moins, que d'un mépris affiché envers la nature. Un acte irresponsable. C'est une maltraitance infligée individuellement et collectivement à notre environnement. Devant cet état de fait, sans appel, nous sommes tous responsables. Sillonnant en tant que guide de montagne, depuis 38 ans, les forêts du Djurdjura, je peux affirmer que depuis ces dix dernières années que l'impact négatif de l'homme sur la nature s'est nettement étendu avec des conséquences incommensurables sur le milieu naturel. Il en est ainsi de certains randonneurs et visiteurs insouciants qui prennent leurs aises dans les forêts, installant matériel de camping dans des lieux extrêmement sensibles, du point de vue de la nature. D'autres, imprudents, n'hésitent pas à traverser la forêt de l'Akfadou en fourgon pour stationner en bordure du Lac noir, pour des campings indéterminés dans le temps. Dans le Djurdjura, au lieudit Timgueguelt (Pic des cèdres), à Tala Guilef, certains ont même eu l'idée d'installer une cheminée traditionnelle au pied des cèdres, attentant à la quiétude de la faune. Ces personnes, pour ne citer que ces exemples, par imprudence et ignorance, s'autorisent des dégradations tous azimuts, parfois dans des zones naturelles fragiles. On y allume des feux de camp à l'aide de restes de bûches et branchages - qui sont en réalité des lieux de vie d'insectes lesquels, à leur tour, font partie des mets des oiseaux - , ou encore avec du bois vivant qu'on coupe pour cuisiner à l'air libre. Une destruction graduelle d'une nature qui, pourtant, nous procure détente et loisir. Le propos, ici, n'est pas d'interdire aux amoureux de la nature de profiter de nos forêts, sources de bien-être. Il s'agit de revoir tout notre rapport à l'environnement. Et cela passe par le respect de notre environnement. Les aires de camping et de détente réglementées existent, à cet effet, et surtout hors des dangers d'incendie. Il suffit de s'informer auprès des forestiers de nos conservations et ceux du Parc national du Djurdjura, pour être orientés. Beaucoup de facteurs aggravants s'ajoutent à cette destruction de la nature, favorisant par là même les feux de forêt. Certains groupes s'installent durablement à côté des sources d'eau pour boire, cuire et laver leur vaisselle avec du savon, oubliant que ces sources sont le lieu substantiel ou s'abreuvent pour leur survie les oiseaux et animaux sauvages nocturnes et diurnes. D'autres encore s'infiltrent à l'intérieur des grottes (comme la grotte du Macchabée) à intérêts scientifique et culturel, et qui ne sont ni spéléologues, ni anthropologues, et enore moins géologues ou chercheurs. À cela s'ajoute l'inaction des autorités en charge du secteur des forêts de classer, par exemple, la forêt de l'Akfadou "réserve naturelle protégée", avant sa prochaine décimation.