Le parc national du Djurdjura (PND), classé par l'Unesco réserve de biosphère en 1997, subit depuis le milieu des années 2000 une forte pression et une agression anthropiques qui se sont accentuées ces dernières années menaçant sérieusement son biotope fragile. Le tourisme de masse que subit cet espace, classé parc national en 1983 et situé dans une région montagneuse très accidentée d'une superficie totale de 28 890 ha qui s'entend sur les wilayas de Tizi-Ouzou et de Bouira, est fortement décrié par les autorités chargées de sa protection, des écologistes et spécialistes, qui dénoncent la pollution générée par les visiteurs qui y laissent tout type de déchets. Par ignorance ou par insouciance, des randonneurs et des campeurs non accompagnés par des guides professionnels et qui ne disposent pas d'une autorisation dûment délivrée par les services du PND, fréquentent des endroits interdits au camping ou d'accès au large public, tel que la zone centrale réservée à la recherche. Ils y dressent leurs tentes, allument du feu en pleine forêt, coupent des branches, voire des arbres et repartent en laissant leurs déchets derrière eux. Le chef de secteur de Tala Guilef (Tizi-Ouzou) du PND, Abdellaziz Mahdi, a regretté cette situation. «Il y a des espaces réservés aux campings que des campeurs ne respectent pas préférant s'installer en forêt, un endroit qui n'est pas approprié au camping. Ils y laissent des déchets et allument le feu, ce qui constitue une menace pour cet espace protégé», a-t-il dénoncé. «Nous recevons beaucoup de monde surtout le week-end. Nous sommes constamment sur le terrain pour sensibiliser et orienter les campeurs vers les espaces appropriés, à l'instar des pelouses», a indiqué le même responsable qui a cité, entre autres sites de camping dans la région de Tala Guilef, celui d'Ifri Ihemaden adapté à ce loisir avec des grottes pour s'abriter d'une éventuelle tempête et qui devient en hiver une piste de ski. Pour inciter les visiteurs du parc national du Djurdjura à respecter la réglementation régissant les parcs nationaux en matière de fréquentation des écosystèmes et des habitats naturels et à la préservation de ce site riche en espèces faunistiques et floristiques endémiques, le secteur de Tala Guilef envisage de lancer prochainement, en coordination avec le groupement de la Gendarmerie de Tizi-Ouzou une campagne de sensibilisation en direction des randonneurs et campeurs. Le conservateur des forêts de Tizi-Ouzou, Youcef Ould Mohammed, a rappelé de son côté, que le camping en milieu forestier est «strictement interdit, car il peut causer une dégradation du milieu naturel lorsque les groupes de campeurs ne sont pas encadrés par des professionnels». Ce même responsable a déploré le «manque de civisme relevé chez certains randonneurs et campeurs dans le milieu forestier qui laissent sur place toute sorte de détritus». Il a aussi soulevé le problème des randonnées et campings non étudiés en expliquant que «parfois nous voyons sur les réseaux sociaux des appels à regrouper 500, voire 600 personnes pour une randonnée, ceci est un non-sens en plus du fait qu'il est difficile d'encadrer autant de personnes pour une randonnée dans un site montagneux très accidenté et où l'intervention des secours est difficile», a-t-il observé. M. Ould Mohammed a indiqué que «normalement un groupe de randonneurs ne doit pas dépasser les 25 personnes au maximum, il doit maîtriser et respecter les mesures de sécurité et être accompagné par un guide formé et compétent», a-t-il insisté. Guide de montagne professionnel et fervent défenseur du Djurdjura, Lounes Meziani a indiqué que le Djurdjura qui regorge de sites exceptionnels et qui n'est pas seulement ce patrimoine naturel disposant de richesses faunistiques, floristiques, historiques, cultuelles, culturelles et sportives «ne doit jamais et en aucun cas, être victime de sa notoriété». Plusieurs dégradations observées M. Meziani a déploré les agressions qu'a déjà subies le parc national du Djurdjura, dont «l'ouverture sans autorisation, par un village, d'une route qui a éventré le Djurdjura en plein massif central, à Alma en traversant sa pelouse alpine située à 1 650 m d'altitude, défigurant le Djurdjura et polluant, par les centaines de véhicules qui le traversent, ce site naturel rare avec ses animaux sauvages, son avifaune et sa pelouse extrêmement vulnérables». Lounes Meziani a aussi rappelé le «méga bivouac organisé en novembre 2018 à Aswel, suite à un appel d'un groupe et qui a rassemblé environ 800 personnes, détruisant la pelouse et laissant des déchets sur place». A cela s'ajoute l'incendie qui s'est déclaré en pleine cédraie de Tala Guilef en juillet 2019 qui a nécessité la mobilisation de moyens aériens pour renforcer l'intervention au sol afin de préserver ce patrimoine forestier. Ce guide de montagne a, en outre, cité la dégradation de «la grotte du macchabée», dans la région d'Ain El Hammam, où s'y trouve depuis des siècles un corps humain momifié grâce aux conditions naturelles de ce lieu, mais dont il ne reste presque plus rien, car profané par des visiteurs inconscients». Selon lui, «le confinement pour limiter la propagation du Covid-19 nous a rappelé que l'homme est l'ennemi de la nature lorsque son comportement n'est pas en harmonie avec elle. En voyant comment nos espaces naturels ont repris leurs droits, avec la réapparition d'animaux dans des sites où on ne les voyait plus, les plantes qui poussent à profusion et des oiseaux qui planent en toute quiétude». M. Meziani a observé que «si on veut faire des randonnées, de l'escalade, du bivouac et des pique-niques, il faut se mettre à l'évidence que le PND est une réserve de biosphère reconnue mondialement et seuls les bonnes manières et conduites responsables, dans le cadre du respect de ces lieux naturels magiques et uniques et de leurs préservations, nous permettront de les léguer à nos enfants et petits enfants». Il déplore les agressions qu'a déjà subies le parc national du Djurdjura, dont «l'ouverture sans autorisation, par un village, d'une route qui a éventré le Djurdjura en plein massif central, à Alma en traversant sa pelouse alpine située à 1 650 m d'altitude, défigurant le Djurdjura, et polluant, par les centaines de véhicules qui le traversent, ce site naturel rare avec ses animaux sauvages, son avifaune et sa pelouse extrêmement vulnérables». Soulignant que le PND ne dispose pas de moyens humains et matériels suffisant pour bien couvrir l'étendue du parc, il a ajouté, s'adressant à ceux qui polluent avec leurs déchets cette réserve de biosphère, que «les agents du PND n'ont pas été recrutés pour nettoyer leurs saletés», d'où l'appel au civisme des citoyens.