Il fut le plus discret des comédiens algériens. Et c'est dans la discrétion la plus totale qu'il quitte définitivement la "scène de la vie", une vie qu'il a rempli de rire, de joie et de spectacles. Avec ses répliques aussi légendaires que "cyniques" notamment dans Babor Ghrek ou encore dans Boualem Zid El Gouddam, Omar Guendouz incarnait à la fois le tragique et le comique. Il était un personnage authentiquement algérien. La scène culturelle algérienne vient d'être frappée encore une fois par une terrible nouvelle : celle de la disparition du comédien populaire Omar Guendouz à l'âge de 71 ans. Annoncée dans la matinée d'hier par l'ONCI (Office national de la culture et de l'information), cela a provoqué l'émoi dans le milieu artistique ainsi qu'auprès de ses fans. Qui ne se souvient pas de son personnage de "Dahmane" aux côtés de la comédienne Nawal Zaatar dans la série télé "Zawdjane fi hira", sa participation également au théâtre dans la cultissime pièce Babor Ghraq de Slimane Ben Aïssa et tant d'autres rôles au cinéma. Ce natif de la Casbah, connu pour son naturel, sa spontanéité et ses improvisations sur les planches, a émerveillé tout au long de sa prolifique carrière (pas moins d'une centaine d'œuvres entre télé, cinéma et théâtre) son public et les téléspectateurs. Grand passionné, il est reconnu par ses pairs comme un artiste unique qui a pu s'illustrer dans le comique comme dans la tragédie, avec aisance, sans user d'artifices. D'ailleurs, il pouvait "incarner plusieurs personnages dans le même spectacle". Et ce monument a travaillé dur pour offrir des prestations magistrales ayant marqué des générations depuis les années 70 jusqu'au début des années 2000. Par ailleurs, avant d'entamer une carrière de comédien dans la pièce Boualem Zid El-Goudem, il obtient son diplôme au conservatoire d'Alger et enchaîne les prix, à l'exemple de la comédie arabe, la comédie française, le chant lyrique et le chant arabe. Malgré sa célébrité et sa facilité à donner le sourire aux gens, Omar Guendouz est connu, entre autres, pour sa timidité. Très réservé, il se faisait rare sur les plateaux télé ou sur la scène culturelle, mais lors du dernier Festival international du théâtre de Béjaïa (février 2020), son acolyte Slimane Ben Aïssa lui a rendu hommage, car c'est "un artiste de talent". À cet effet, le FITB, dans une vidéo intitulée Omar Guendouz, l'homme spectacle, d'une durée de trente minutes, a fait découvrir la modestie et la générosité de ce monument si discret, à travers les interviews, les images d'archives et quelques témoignages. Selon Slimane Ben Aïssa, Guendouz est un artiste "populaire d'une grande finesse. Il est d'une grande précision dans le jeu", a-t-il insisté dans l'interview. Et au dramaturge d'indiquer que l'acteur possède le "sens du comique. Il a l'art de construire l'humour". D'ailleurs, il a rappelé quelques anecdotes, où les fous rires et l'ambiance bon enfant étaient de mise, grâce à ses imitations de Castro, du Che ou encore de Boumediene. Comédien hors pair, il a touché à tous les genres et plusieurs arts, il "ne manquait que la danse" à son parcours atypique, comme aime le dire ses camarades. Surnommé "L'homme spectacle", Guendouz avait la comédie dans l'âme, maîtrisant même le mime, "il fait partie de ces artistes qui repoussent les limites dans l'art". Autre facette de "Si Omar", c'est son intérêt pour la jeunesse ; l'on découvre dans ce reportage réalisé par le FITB un échange avec la comédienne Mouni Boualem, où il insiste sur le fait que les jeunes comédiens sont "importants et qu'il faudrait les encourager et les aider à émerger, car ils sont la relève, ils donnent de l'espoir !". Tout au long de la journée de mercredi, les internautes ont tenu à rendre un dernier hommage au comédien. Sur les réseaux sociaux, acteurs, réalisateurs, dramaturges, écrivains ou simples admirateurs ont posté des mots doux et reconnaissants sur l'homme et l'artiste qu'était Guendouz. Le journaliste et auteur Nadjib Stambouli a écrit : "Triste d'apprendre la mort de l'ami Omar Guendouz, talentueux artiste, aussi doué pour la présence scénique que pour la discrétion au quotidien (...)." Pour sa part, Beihdja Rahal a posté une photo en sa compagnie, en mentionnant : "C'était le Festival international du théâtre de Béjaïa (Malek Bouguermouh), l'artiste aux mille talents. Allah yarrahmou." Le musicien Mohamed Firas Yousfi a mentionné que "Omar Guendouz aurait connu un autre rayonnement et une autre dimension. Et pour cause avec son talent rare (il excelle même dans le mime), son style, sa gestuelle, il aurait pu mieux briller". Quant aux centaines de posts partagés par différents internautes et associations, ils sont unanimes sur le génie de ce monument du théâtre algérien. Adieu l'artiste...