Alors que le Conseil de sécurité de l'Onu devait se réunir, hier, pour examiner les suites à donner au rapport d'enquête sur l'assassinat de l'ex-Premier ministre, Rafic Hariri, le président américain, qui dit ne pas se contenter de simples résolutions, exige un scénario à l'irakienne, avec embargo et menaces militaires. La communauté internationale, qui n'a pas embrassé la logique de Bush, recommande des pressions pour conduire Damas à une pleine coopération dans le procès de la commission onusienne à son encontre. Le rapport est accablant pour la Syrie dont il met en cause de hauts responsables des services de sécurité syriens dans l'assassinat de Hariri, soulignant que Damas n'a pas coopéré à l'enquête. Le Conseil de sécurité devait auditionner le magistrat allemand Mehlis, chef de la commission d'enquête, dont le mandat a été prolongé jusqu'au 15 décembre. Les quinze membres du Conseil sont engagés dans des consultations intenses en vue de parvenir à une résolution ou plusieurs sur les différents aspects de la problématique libano-syrienne. Les Etats-Unis ont exprimé en termes très clairs l'intention d'accentuer la pression sur Damas pour qu'il coopère. Bush a, cependant, rejeté l'option musclée, après qu'il eut été convaincu des dangers d'ouvrir un autre front alors que celui irakien n'est pas près de s'atténuer. Bachar doit prendre les demandes du monde libre très sérieusement, devait-il affirmer avant l'ouverture des travaux du Conseil de sécurité, affirmant que sa secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, est toujours en consultation avec les Français qui sont au diapason avec les Américains sur ce dossier. Paris a souhaité une résolution de l'Onu pour exiger la pleine coopération de Damas mais qui laisserait à ses dirigeants une dernière chance, avant de possibles sanctions, envisagées par Washington. Mais le Premier ministre britannique, Tony Blair, qui préside l'UE, a refusé d'exclure la prise de sanctions contre la Syrie, insistant sur la gravité des faits allégués par le magistrat allemand. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, entamera aujourd'hui une visite de deux jours dans les territoires palestiniens, en Israël et en Jordanie où il évoquera également la situation autour de la Syrie et du Liban. Tandis que chez la Ligue arabe, c'est le silence total, les autorités syriennes organisent depuis hier sur son territoire des manifestations contre les Etats-Unis et le rapport du Conseil de sécurité. Bachar n'a, cependant, ni la marge de manœuvre de son père ni son charisme pour tenir la dragée haute à Bush. Il sait qu'il devra faire des concessions et la question est : jusqu'où pourra-t-il descendre, sans mettre en péril le système hérité de Hafed Al Assad ? D. Bouatta