Les déclarations du président iranien appelant à “rayer Israël de la carte” ont soulevé un véritable tollé au niveau international. Hier, Paris a indiqué qu'il allait consulter Londres et Berlin, ses deux partenaires engagés dans des négociations sur le programme nucléaire de l'Iran, pour examiner les conséquences qui découleront des propos anti-israéliens de Mahmoud Ahmedimejad. Faisant suite à l'appel du Premier ministre israélien, Ariel Sharon, requérant l'expulsion de la République Islamique d'Iran de l'ONU, après des déclarations hostiles de son président contre Israël, une demande officielle de Tel-Aviv a été déposée en ce sens auprès des Nations unies. Hier, Israël a réclamé une réunion urgente du Conseil de sécurité de l'ONU. “J'ai donné comme consigne à notre ambassadeur aux Nations unies de saisir urgemment le Conseil de sécurité et j'en ai parlé avec Kofi Annan”, a déclaré, hier à Paris, le chef de la diplomatie israélienne. De son côté, le porte-parole du département israélien des Affaires étrangères a indiqué : “Ou bien ce pays cesse de faire des appels à la destruction d'Israël qui constituent une violation à la charte des Nations unies, ou bien il se trouvera isolé au sein de la communauté des Nations”, a poursuivi le porte-parole. Mettant à profit les nombreuses condamnations des pays occidentaux des propos d'Ahmedinejad, Israël cherche à isoler le régime des mollahs sur la scène internationale. Il faut dire que de Washington à Londres en passant par Paris, Berlin et même Moscou, Téhéran a fait l'objet de sévères critiques après la déclaration, mercredi dernier, devant un parterre d'étudiants radicaux du président iranien dans laquelle il estimait que “Israël devrait être rayé de la carte”. Le sommet informel de l'Union Européenne de Hampton Court a condamné de “la manière la plus ferme” les commentaires attribués au président iranien. “Inacceptable”, “Choquant”, “Irresponsable”, sont les mots utilisés par les dirigeants occidentaux pour qualifier la sortie médiatique de Mahmoud Ahmedinejad. Le Kremlin, qui demeure jusque-là l'un des ultimes soutiens de l'Iran dans son dossier nucléaire, n'a pu s'empêcher de s'aligner sur les réactions des défenseurs inconditionnels d'Israël, en rappelant à l'ordre Téhéran. L'aubaine est trop belle pour clouer au pilori ce pays, qui constituerait un “réel danger” pour l'Etat hébreu, selon Ariel Sharon. Appelant sans cesse à l'arrêt, y compris par l'utilisation de la force, du programme nucléaire iranien, dont la concrétisation est destinée à la destruction d'Israël, selon les dirigeants de Tel-Aviv, le gouvernement d'Ariel Sharon insiste cette fois-ci sur la nécessité d'isoler une bonne fois pour toute l'Etat persan. Versant dans l'alarmisme par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Sylvan Shalom, Israël affirme que l'Iran possède toute la technologie qu'il faut pour détenir dans les six mois qui suivent l'arme nucléaire, s'il ne la possède pas déjà. Partant de là, le gouvernement Sharon n'exclut toujours pas l'éventualité de frappes aériennes contre les installations nucléaires iraniennes pour empêcher Téhéran d'acquérir la bombe atomique. Ce sont “ces menaces israéliennes répétées qui ont poussé Mahmoud Ahmedinejad à faire de telles déclarations”, a affirmé, jeudi, l'ambassadeur d'Iran dans la capitale française dans sa tentative d'atténuer les retombées des propos de son président. Par maladresse politique ou par manque d'expérience, le chef de l'Etat iranien a offert de nouveaux arguments aux détracteurs du régime des Mollahs pour l'acculer davantage sur la scène mondiale au moment où sa position est des plus inconfortables face aux multiples pressions, notamment américaines, pour l'amener à délaisser son programme nucléaire. C'est du moins l'avis des diplomates en relation avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dans la capitale autrichienne, Vienne. K. ABDELKAMEL