L'ancien attaquant, avant-centre de la JSM Béjaïa, de la JS Kabylie et de l'équipe nationale, Rachid Dali, a tiré sa révérence, jeudi après-midi à Béjaïa, après une longue maladie. L'idole de toute une génération, Rachid Dali a marqué son époque par un style de jeu particulier et un art de marquer des buts si exceptionnels. "Il était puissant, il jouait des deux pieds et avait des tirs très puissants, c'est un avant-centre complet", témoigne son coéquipier Rachid Baris qu'il a rejoint à la JSK une année après, soit en 1973 alors que Dali avait porté le maillot de la formation kabyle en 1972. "Dali est plus qu'un coéquipier de football, c'est un frère pour moi, nous partagions tout lorsque nous étions ensemble à la JSK", dira Baris avant d'ajouter : "À l'époque, le football était amateur, mais Dali jouait comme un professionnel. Il possédait tout pour être exceptionnel, il jouait des deux pieds, il avait de la puissance dans le tir et aussi un bon jeu de tête avec une détente remarquable. Pour moi, il est le meilleur avant-centre de tous les temps en Algérie". Malade depuis plusieurs mois, Rachid s'est éteint à Béjaïa des suites d'une longue maladie à l'âge de 74 ans dans sa maison à Béjaïa malgré tous les soins dont il bénéficiait, notamment un séjour médical de plusieurs mois en France. "Comme je suis de la région, je lui rendais visite assez souvent. Il faut dire que ces derniers temps, il était trop fatigué et il n'en pouvait plus. Paix à son âme, Dali restera une idole, même pour nous, la jeune génération, on n'entendait que du bien de lui et en matière de football, il reste une référence", dira de lui l'ex-attaquant de la JSK et de la JSMB des années 2000, Yacine Amaouche. Rachid Dali a entamé sa carrière footballistique en 1964, comme gardien de but, mais pas pour longtemps puisque rapidement il a abdiqué à son instinct d'attaquant de pointe. Un poste avec lequel il a brillé de mille feux. Dali avait au début tenté une expérience en France avec l'équipe de Moulin 3 évoluant en 3e division française où il a régalé les spectateurs toute une saison. À terme, il rentre au bercail et rejoint le compartiment d'attaque de la JSMB qu'il n'a plus quittée qu'en 1972 où il a rejoint la JSK. C'est dans ce club qu'il a connu sa plus grande gloire, où on l'a surnommé "Ameqyas n Leqvayel" (le bijou kabyle). Pendant les 5 saisons jouées sous le maillot des Canaris, Rachid Dali s'est révélé comme un véritable baroudeur. Même si son passage à la JSK de 1972 à 1977 semble aussi court, mais il était aussi riche en exploits. Kaoua le glorieux gardien de but du grand Mouloudia d'Alger de l'époque peut en témoigner du fameux but qu'il a reçu de Dali en 1974. Alors que les deux équipes étaient à égalité 2 à 2, un tir puissant des 35 m avec un effet papillon n'a permis à Kaoua d'intercepter le ballon. "La balle est arrivée en zigzague au point où il m'était impossible de la maîtriser", avait-il commenté. Ou encore l'autre fameux but contre le MO Constantine durant la même année en championnat au stade Oukil-Ramdane de Tizi Ouzou, alors que le gardien kabyle de l'époque Tahir vient de sauver son équipe d'un but et suite d'un long dégagement Dali au milieu de terrain réceptionne avec la poitrine pour exécuter un retourné et son ballon qui se loge dans les filets du gardien constantinois. Un but qualifié de miraculeux par ceux qui l'ont vécu. Avec la JSK, Dali remporte 3 championnats d'Algérie (1973,1974 et 1977), une Coupe d'Algérie (1977) et finaliste de la Coupe du Maghreb des clubs champions. Atouga a goûté à ses missiles Dali n'était pas juste un football, c'est un homme avec un grand cœur comme le témoigne le capitaine emblématique de la JSK Mouloud Iboud ou encore le gardien Mourad Amara : "À mon arrivée à la JSK, Dali était déjà sur le départ, mais je l'ai connu bien avant. Etant très jeune, avant même d'être gardien à la JSK, c'est grâce à Rachid Dali que j'entrais au stade Oukil-Ramdan pour regarder les matchs de la JSK. On interdisait l'accès aux jeunes, donc je m'approchais de Dali pour lui dire que je suis aussi de la région de Béjaïa, pour me faire entrer au stade. Par la suite, je l'ai connu de prêt en étant joueur à la JSK. C'est un homme avec un grand cœur", dira Amara. En équipe nationale, Rachid Dali a également marqué son passage. Dès l'âge de 23 ans, de 1970 à 1975. Il compte à son actif 29 sélections et a inscrit 12 buts. Les plus célèbres se sont les deux buts contre le meilleur gardien africain de l'époque, le Tunisien Atouga, Sassi Sadok de son vrai nom. L'Algérie avait remporté ce match 2 à 0 grâce au doublé de Rachid Dali qui d'un tir très puissant du second but a provoqué une fracture aux doigts du gardien tunisien. Mais pas que, lors des Jeux africains de Lagos (Nigéria) en 1973 que Dali s'est illustré lors du match contre le pays organisateur. La sélection nationale est menée par deux buts à zéro, mais à l'entrée en jeu de Dali à dix minutes de la fin, il réussit à marquer un doublé qui permit à l'Algérie d'éviter la défaite et arracher le match nul. La célébrité d'Ali dépasse les frontières algériennes, il sera sélectionné avec son compatriote Hadfi avec les meilleurs de l'Afrique qui vont disputer un tournoi international contre le reste du monde au Mexique et être buteur du tournoi. L'enfant de Houma Bab Ellouz a été inhumé hier au cimetière de Sidi M'hand-Amokrane avec la présence de plusieurs figures du football national il est le sixième des anciens de la glorieuse JSK qui a tiré sa révérence après les Amrous, Talbi, Annane, Meghrisi, et Hanachi. Paix à leur âme.