Lundi, des organisations et des associations de la société civile ont affirmé que les mesures exceptionnelles de Kaïs Saïed ne fournissaient pas de "réelles" garanties pour la préservation de la démocratie en Tunisie. Quatre partis de gauche ont dénoncé hier, lors d'un point de presse à Tunis, les vélléités autoritaires du président tunisien Kaïs Saïed et sa volonté d'exercer un "pouvoir absolu" en Tunisie, rejetant en bloc les dernières "mesures exceptionnelles" qu'il a prises mercredi. "Le président a choisi la fuite en avant. (...) D'un trait de plume, il a établi un pouvoir absolu", a déploré Ghazi Chaouachi, président du Courant démocrate (Attayar, ndlr), parti qui a 21 sièges au Parlement suspendu. Selon lui, "nous vivons dans une période d'illégitimité" puisque le président Saïed a "violé la Constitution et s'est retourné contre la légitimité constitutionnelle". En promulguant un décret présidentiel la semaine dernière, lui offrant la possibilité de légiférer librement, le président tunisien a suspendu "de facto" l'actuelle Constitution, l'accusent ses adversaires, mais aussi la société civile tunisienne. Si le président, qui cherche à "satisfaire ses désirs", ne revient pas sur ses mesures, le pays "risque de glisser vers la violence", voire "une guerre civile", a-t-il averti. "Nous allons recourir à tous les moyens de pression et de lutte légale et pacifique pour défendre la démocratie et les acquis de la révolution" de 2011 ayant écarté le président Zine El-Abidine Ben Ali après 23 règne sans partage. Pour sa part, Khalil Zaouïa, secrétaire général d'Ettakatol, a dénoncé ce que son parti qualifie de "pouvoir unilatéral" de Kaïs Saïed, pour expliquer son ralliement à la "Coordination pour la défense de la démocratie" en Tunisie, où des organisations et des associations de la société civile ont affirmé que les mesures exceptionnelles du président tunisien ne fournissaient pas de "réelles" garanties pour la préservation de la démocratie dans leur pays. Ces organisations estiment que le président risque de "resserrer son emprise sur les rênes du pouvoir". Depuis le 25 juillet dernier, la Tunisie est plongée dans une grave crise politique, sans précédent, depuis l'arrivée de Kaïs Saïed au palais de Carthage, en limogeant le gouvernement de Hichem Mechichi et en suspendant l'activité de l'Assemblée nationale, dominée par les islamistes d'Ennahdha. Sa décision a, d'abord, été saluée, dans un premier temps par de nombreux tunisiens, qui étaient en colère contre la classe politique. Mais au fil des jours, de nombreux Tunisiens ont commencé à afficher leurs inquiétudes face aux agissements de leur président. De nombreuses manifestations ont d'ailleurs eu lieu à Tunis et dans d'autres villes tunisiennes (mais de moindre ampleur), pour exprimer leur rejet de la démarche du président, et surtout sa volonté de modifier la Constitution de 2014, qui consacre un régime parlementaire, tout en offrant au président certaines marges de manœuvre pour éviter d'éventuels blocages politiques. Mais ce système, avec toutes ses imperfections, ne semble pas arranger l'actuel président, qui veut revenir à un régime présidentiel, ramant à contre-courant des aspirations de la révolution populaire de 2011. Ce pourquoi, les partis de l'opposition ainsi que l'Union générale des travailleurs tunisiens alertent contre le risque d'une confrontation violente entre partisans et opposants de Saïed.