Le président tunisien Kaïs Saïed a chargé hier Najla Bouden, jusque-là inconnue du grand public, de former un nouveau gouvernement, un poste dont il a considérablement réduit les prérogatives après s'être arrogé les pleins pouvoirs en juillet. Pour la première fois dans l'histoire de la Tunisie, la tâche de diriger le gouvernement a été confiée à une Tunisienne, l'universitaire Najla Bouden, a annoncé la présidence dans un communiqué. Née en 1958 et scientifique de formation, Mme Bouden, qui a pratiquement le même âge – 63 ans – que le président, est originaire de la ville de Kairouan (centre). Dans une série de "mesures exceptionnelles" publiées le 22 septembre, M. Saïed a formalisé son coup de force du 25 juillet lorsqu'il s'était arrogé les pleins pouvoirs, après avoir limogé le Premier ministre, gelé le Parlement et avoir repris en main aussi le pouvoir judiciaire. Désormais, sur la base de ces mesures, le chef de l'Etat est le réel détenteur du pouvoir exécutif et présidera lui-même le Conseil des ministres. Dans le système en place régi par la Constitution de 2014 que M. Saïed souhaite amender après en avoir suspendu deux chapitres clés, l'essentiel du pouvoir exécutif est aux mains du gouvernement mais les "mesures exceptionnelles" qu'il a décidées ont fait clairement pencher la balance du côté de la présidence. La présidence a publié une vidéo recevant Mme Bouden dans son bureau et la chargeant de former un nouveau gouvernement et de le lui présenter "dans les prochaines heures ou les tout prochains jours". M. Saïed a insisté à plusieurs reprises sur le caractère "historique" de la nomination d'une femme pour la première fois pour diriger le gouvernement en Tunisie. "C'est un honneur pour la Tunisie et un hommage à la femme tunisienne." Seul le président parle sur cette vidéo où l'on peut apercevoir sur un côté de l'écran une photo le montrant en train de rendre visite le 13 août dernier à l'occasion de la Journée de la femme à un groupe de femmes fabriquant des poteries de Cité Hlel, ville populaire du sud de Tunis. La principale mission du futur gouvernement sera "de mettre fin à la corruption et au chaos qui s'est répandu dans de nombreuses institutions de l'Etat", a encore dit M. Saïed, à l'adresse de son interlocutrice.