De Tunis, Mohamed Kettou Le Premier ministre est chargé de former le gouvernement qui s'est fait attendre dans un contexte de pressions internationales, notamment américaines et françaises. En application de l'article 16 du décret présidentiel du 22 septembre portant sur les mesures exceptionnelles prises par le Président tunisien Kaïs Saïed, celui-ci a chargé, hier, Mme Najla Romdhane Bouden de former, dans les meilleurs délais, un gouvernement qui soit capable de lutter contre la corruption et bien gérer une situation économique et sociale catastrophique. Mme Bouden, 63 ans, native de Kairouan, est professeure universitaire, spécialiste en géologie. Cette nomination survient plus de deux mois après le limogeage de Hichem Mechichi et le gel du Parlement. C'est une première en Tunisie, voire dans le monde arabe qu'une femme soit nommée à un tel poste. En effet, comme l'a souligné le chef de l'Etat, c'est la première fois depuis l'indépendance du pays qu'une femme est nommée à une telle fonction. Pas moins de sept gouvernements se sont succédé sans succès en Tunisie depuis 2011 dans une ambiance cacophonique marquée par les tiraillements, voire les batailles politiques remportées, généralement, par le parti islamiste. Même quand il a quitté la présidence du gouvernement, celui-ci a toujours su comment tirer son épingle du jeu en infiltrant tous les rouages de l'administration pour faire durer les avantages dont il jouissait depuis son retour sur scène en 2011. Sitôt nommée, sitôt critiquée Cette nomination a, déjà, suscité de nombreuses réactions, du reste, fort attendues. Les détracteurs du Président Kaïs Saïed ont, vite fait, de tirer à boulets rouges sur Mme Najla Romdhane Bouden en lui signifiant qu'elle ne bénéficie d'aucune légitimité. Tel a été le commentaire de Samir Dilou, député gelé et figure de premier plan du parti islamiste dont il est démissionnaire. Ses collègues n'ont pas été non plus tendres avec cette femme sans lui offrir l'occasion de prouver ses compétences. Mme Bouden est appelée à former un gouvernement en consultation avec le chef de l'Etat. À la différence des cabinets précédents, elle sera responsable, tout comme les futurs ministres et secrétaires d'Etat, devant le président de la République qui en présidera les Conseils. C'est, du moins, ce que dicte le décret présidentiel rendu public il y a une semaine. En prenant cette décision, Kaïs Saïed conforte son intention d'instaurer un nouveau régime qui s'apparente plus à un régime présidentiel qu'à un système parlementaire qui a créé et favorisé une situation chaotique. Reste que Mme Najla Romdhane sera-t-elle cheffe du gouvernement ou Premier ministre ? Nul ne le sait. Puisque le communiqué de la présidence de la République ne le précise pas. M. K.