"Nous sommes le conseiller du gouvernement." C'est ainsi qu'a résumé, hier, le président du Conseil national économique, social et environnemental (Cnese), Rédha Tir, le rôle et les missions dévolues à cette institution consultative dont les membres ont été installés avant-hier. "Nous sommes là pour aider le gouvernement avec un certain nombre de propositions et de suggestions", a précisé Rédha Tir, lors d'une conférence de presse, organisée à l'Ecole supérieure d'hôtellerie et de restauration d'Alger (ESHRA). Il a évoqué la question du secteur informel qui préoccupe le Cnese. "Le travail a été déjà amorcé, depuis quelques mois", a révélé Rédha Tir. Le Cnese, a-t-il indiqué, a mis en place un modèle de calcul "sophistiqué", qui se base sur l'évaluation des flux et des stocks. C'est un modèle, explique le président du Cnese, qui touche à la politique monétaire et fiscale. "Nous considérons que le marché informel, en partie, est constitué d'un certain nombre de flux d'argent qui circulent. L'argent n'est pas thésaurisé en totalité. Une grosse partie circule et génère de la valeur. Sauf que cette masse échappe à toute cotisation et imposition", affirme le président du Cnese. Le projet devrait être achevé en 2022. Il servirait de référence, non seulement pour le Cnese, mais également pour le ministère des Finances et la Banque d'Algérie. Au-delà de l'informel, le Cnese compte se saisir des dossiers "structurants" de l'économie nationale. "Il y a un problème sérieux en matière de diversification de l'économie nationale", estime Rédha Tir. "Il faut que l'Algérien sorte du paradigme rentier", insistant sur la réhabilitation du travail et de l'entreprise, ainsi que sur le développement de l'investissement. "Le travail, avant tout, est une participation citoyenne", souligne le président du Cnese. "Où est l'investissement ?" s'interroge-t-il, évoquant la logique patrimoniale qui a prévalu jusque-là. "Il faut que l'individu, le ménage, l'entreprise et l'Etat fonctionnent avec la logique d'investissement, pour créer de la valeur", plaide Rédha Tir, ajoutant la nécessité d'une reconfiguration "du rôle social de l'argent". Le Cnese, selon lui, est "le lieu idéal" pour l'exercice du dialogue social. Dans ce cadre, l'institution consultative compte s'autosaisir lorsqu'une grève se déclenche dans un secteur. Le Cnese souhaite encourager de plus en plus le financement mixte, réduire l'appétit pour le crédit bancaire, pousser les opérateurs économiques vers l'investissement utile, à travers le marché financier et l'utilisation d'autres mécanismes de financement, comme l'emprunt obligataire et le Crowdfunding. Le gouvernement n'arrive pas à rendre opérationnels ces outils de financement "faute de confiance", a affirmé Rédha Tir. "Qu'est ce qui empêche la création de fonds communs de placement et des coopératives d'épargne ?" s'interroge-t-il. Le président du Cnese annonce la publication, la semaine prochaine, d'un livre blanc sur la relance économique.