Jusque-là nous avons soigneusement évité de parler de la wilaya de Relizane parce que cette région est un montage administratif d'une partie nord de Tiaret et d'une partie sud de Mostaganem. Connue pour la richesse de ses terres et surtout son opulence fruitière, Relizane a été toujours une zone de prédilection pour les fermiers pieds-noirs. Les orangeraies de Relizane sont célèbres et la Thomson est pratiquement née ici. Un riche colon du nom d'Esclapez qui possédait d'immenses vergers entourés de cyprès et arrosés par des kilomètres d'aqueducs montera même la première conserverie de l'Oranie. Il commercialisera de la confiture en boîtes de 1 et 5 kg. Les anciens se souviennent certainement de ces bidons en fer blanc au label “Escla”. Pour la petite histoire, le premier ministre des Finances de l'Algérie indépendante est née à Relizane : il s'appelait Ahmed Francis, c'est à trente kilomètres de ce chef-lieu, à Jdiouia, aujourd'hui spécialisée dans les grillades et les rôtis à la braise qu'un certain Hadj Fergane patron des patriotes semait, semble-t-il, la terreur parmi la population. On l'a souvent accusé d'avoir caché ses victimes dans de véritables charniers. C'est là également, dans la région, que l'Etat a construit le plus grand barrage du pays, le barrage de Gargar et c'est là enfin qu'un village entier a été transféré de l'aval de l'ouvrage à son amont. Mais avant de mettre le cap sur Tiaret, un petit clin d'œil sur cette étrange histoire que l'on a fait endosser aux ouled Souid. On raconte — où du moins certaines méchantes langues racontent —que pour cacher un âne volé par l'un des leurs, les ouled Souid n'ont rien trouvé de mieux à faire que de le peindre en bleu... Ridicule mais imparable contre les accusions : - Votre âne volé était-il bleu ? - Non. - Alors ce n'est pas le vôtre... M. M.