Me Bouchachi relève que "toutes les accusations mentionnées dans le procès-verbal des officiers de la police judiciaire ont été maintenues par le procureur de la République". Le coordinateur national du Mouvement démocratique et social, Fethi Ghares, boucle, dans une semaine, ses quatre mois de détention provisoire, et son collectif de défense affirme que son dossier n'a point encore été instruit par la justice. Une "preuve tangible" que cette affaire "ne repose sur aucun fondement juridique", selon les avocats Mustapha Bouchachi, Abdellah Haboul et Saïd Zahi, qui ont animé hier une conférence de presse au siège du MDS, à Alger. Fethi Ghares, arrêté à son domicile à l'est de la capitale, puis placé sous mandat de dépôt le 1er juillet 2021 par le tribunal de Baïnem (Bab El-Oued), s'est déjà vu refuser la liberté provisoire et ses avocats annoncent introduire, ce dimanche, une nouvelle demande auprès de la chambre d'accusation près la cour d'Alger. "Ce n'est ni moral ni éthique de voir les juges mettre un militant politique en prison, pour ensuite prendre congé et n'enclencher aucune procédure. Le message est clair avec son maintien en prison durant toute cette période, à savoir dire aux partis politiques, aux syndicats et aux militants pour les droits de l'Homme que nul n'échappe à la répression", martèle Me Bouchachi, qui précise que le coordinateur national du MDS présente toutes les garanties d'une liberté provisoire. Me Bouchachi a tenu aussi à rappeler que Fethi Ghares se trouve en prison "uniquement pour ses opinions politiques" exprimées à travers les médias et les réseaux sociaux et que "toutes les accusations mentionnées dans le procès-verbal des officiers de la police judiciaire ont été maintenues par le procureur de la République". Ce qui, à ses yeux, reflète "toute l'emprise de l'appareil sécuritaire sur la justice", notamment dans cette affaire. Pour rappel, Fethi Ghares est poursuivi pour "atteinte à la personne du président de la République, outrage à corps constitués, diffusion au public de publications pouvant porter atteinte à l'intérêt national, diffusion d'informations pouvant porter atteinte à l'unité nationale et diffusion d'informations pouvant porter atteinte à l'ordre public". Des accusations principalement tirées de ses publications sur sa page Facebook, regrette Me Bouchachi, qui évoque "une séquence sombre de l'histoire de l'Algérie" et "un appareil judiciaire en état de décomposition". Il se demande, d'ailleurs, si "les ordonnateurs de ces poursuites sont conscients de tout le mal qu'ils font au pays". Pour lui, la démarche répressive du pouvoir "affaiblit plutôt le front interne" et que "si jamais il y a une réelle menace externe sur le pays", ce n'est certainement pas "à travers des arrestations à tout va qu'on pourra y faire face". Bien au contraire, met-il en garde, "cela met le pays en danger". De son côté, Me Haboul a insisté sur le caractère dangereux de l'emprisonnement d'un chef de parti politique, une démarche qui pourrait, selon lui, mener vers la "remise en cause du multipartisme" et "un retour au schéma politique du parti unique d'avant 1989". Quant à Me Saïd Zahi, il a surtout mis l'accent sur les articles 34, 35 et 58 de la nouvelle Constitution qui garantissent la liberté d'expression et l'activité politique, soulignant que "celui qui n'accepte pas la critique ne devrait pas aussi accepter d'occuper un haut poste de responsabilité au sein de l'Etat".