La quasi-majorité des formations politiques de l'opposition s'est élevée contre l'arrestation, puis le placement en détention provisoire du coordinateur du MDS. L'arrestation mercredi dernier du coordinateur du Mouvement démocratique et social (MDS), Fethi Ghares, puis sa mise sous mandat de dépôt le lendemain par le tribunal de Sidi M'hamed ont fait réagir plusieurs partis politiques et organisations de défenses des droits de l'Homme qui dénoncent une tendance à la criminalisation de la pratique politique. Les vives réactions enregistrées ont, dans leur majorité, dénoncé "une atteinte grave" aux libertés, mais surtout "une criminalisation de l'action politique" et "une remise en cause du multipartisme" à travers des arrestations qui ciblent des acteurs et responsables politiques. C'est dans ce sens que les partis du Pacte de l'alternative démocratique (PAD), dont le MDS est partie prenante, ont vite réagi à l'arrestation pour apporter leur soutien à leur allié au sein du PAD. Le Parti des travailleurs (PT) a rappelé que "Fethi Ghares est responsable d'un parti politique agréé", que son arrestation "constitue une dérive grave, une atteinte au multipartisme et au libre exercice de la politique". "Nous apportons notre totale solidarité au camarade Fethi Ghares, à sa femme et à tous les militants du MDS", a écrit le PT, exigeant la libération du détenu et de tous les détenus politiques et d'opinion. Dans une réaction similaire, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a estimé que "par l'arrestation spectacle de Fethi Ghares, premier responsable du MDS - un parti politique agréé - le pouvoir persiste et déclare que les acteurs politiques de l'opposition sont désormais considérés comme des criminels". Le RCD, par la voix de son président, Mohcine Belabbas, a ajouté que "cette énième arrestation doit de nouveau nous interpeller", avant de s'interroger : "Allons-nous nous habituer à cet état de fait et nous résigner ?" "Depuis des mois que le pays est en panne dans tous les secteurs de la vie, seuls les tribunaux fonctionnent à plein régime en exécutant la politique de l'épée de Damoclès du pouvoir de fait", a constaté le RCD, dénonçant, à l'occasion, "l'acharnement répressif" et exigeant la "liberté pour tous les détenus d'opinion". Même réaction chez le Front des forces socialistes (FFS), qui a estimé que cette arrestation "est une manière de criminaliser l'action politique" qui risque "de nous renvoyer à l'époque du parti unique". Dans sa déclaration, le FFS considère que "la répression est l'exact contraire des aspirations citoyennes et populaires", lesquelles tendent "à la mise sur pied d'un Etat de droit". Cette gestion "met en péril la cohésion sociétale" et "nourrit toute forme d'extrémisme", a mis en garde le FFS. Le PLD, par la voix de son porte-parole, Idris Moulay Chentouf, a estimé dans une réaction postée sur les réseaux sociaux que Fethi Ghares a été arrêté "au mépris de toutes les règles élémentaires de justice". "Je condamne cette arrestation arbitraire de Fethi Ghares et exige sa libération en urgence, au même titre que celle de tous les autres détenus d'opinion", a écrit M. Chentouf. De son côté, la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (Laddh) a déploré "une dérive autoritaire qui s'installe", dénonçant, ainsi, "l'escalade de la répression". "L'action politique n'est pas un crime", a estimé la Laddh. Exprimant sa solidarité avec les militantes et militants du MDS, la Ligue réitère son appel à l'arrêt de la répression et à la libération de l'ensemble des détenus d'opinion. Même le leader du MSP, Abderrezak Makri, a réagi à cette arrestation qu'il n'a pas hésité à condamner, malgré, a-t-il précisé, "nos divergences politiques". "La libre parole n'est pas un danger", a-t-il dit, estimant que le danger est dans "la répression et la fraude électorale". À rappeler que Fethi Ghares a été arrêté chez lui mercredi après-midi. Selon son épouse, les éléments du service de sécurité qui ont précédé à l'arrestation de Fethi Ghares ont perquisitionné l'appartement avant de quitter les lieux. Fethi Ghares est poursuivi pour "atteinte à la personne du président de la République, outrage à corps constitué, diffusion au public de publications pouvant porter atteinte à l'intérêt national, diffusions d'informations pouvant porter atteinte à l'unité nationale, diffusion d'informations pouvant porter atteinte à l'ordre public".