La Chambre d'accusation va examiner aujourdhui l'appel déposé par la défense contre la mise sous mandat de dépôt du coordinateur du MDS, Fethi Gheras, détenu depuis plus de deux semaines. Lors d'une conférence de presse animée hier au siège du MDS, Me Abdellah Haboul a rappelé les chefs d'accusation pour lesquels Fethi Gheras a été placé sous mandat de dépôt : "atteinte à l'intégrité de l'unite nationale", "incitation à attroupement", "atteinte à corps constitué" et "publication et diffusion d'informations pouvant porter atteinte à la sécurité nationale et à l'ordre public". Selon cet avocat, ex-magistrat, ces faits relèvent, du point de vue juridique, des "crimes liés à la sûreté de l'Etat". Ce qui signifie, selon lui, que "nous sommes confrontés à une affaire liée à la criminalisation de l'action politique", notant que Fethi Gheras est un responsable d'un parti politique et que tout ce qu'il publie est lié aux activités de son parti. Fethi Gheras passe aujourd'hui son dix-huitième jour en détention provisoire à la prison d'El-Harrach, après avoir été arrêté à son domicile et qui avait fait l'objet d'une perquisition. Contrairement aux autres détenues d'opinion, le coordinateur du MDS n'a pas bénéficié des récentes mesures de "clémence"décidées par Abdelmadjid Tebboune en faveur de 101 détenus du Hirak. Pour Me Abdelghani Badi, autre avocat du collectif de défense qui animait conjointement cette conférence, "les libertés des Algériens sont soumises aux caprices des personnes au pouvoir et non à l'Etat de droit", se demandant comment Fathi Gheras ne profite pas des récentes mesures d'amnistie. Plus que cela, dit-il, "il y a des personnes qui ont été arrêtées en même temps et pour les mêmes faits. Certains d'entre elles ont été transférées au tribunal de Bab El-Oued et ont bénéficié des procédures de grâce accordées aux détenus du hirak. Tandis que ceux qui ont été transférés à Sidi M'Hamed sont restés en prison". Badi insiste que l'objet de la conférence est de faire connaître l'affaire Fethi Gheras dont il considère qu'elle "vise l'arrestation d'une voix politique". Selon lui, Fethi Gheras a toujours souligné que "ce qu'il publie sur Facebook exprime la position de son parti et non pas ses positions personnelles". "Il est clair que ce qui dérange le pouvoir, ce sont les déclarations fortes, le courage et le discours direct de Fethi Grass, en plus du fait d'ouvrir le siège du MDS aux défenseurs des droits de l'homme afin de défendre les détenus du Hirak, et les politiciens qui défendent l'idée de transition politique et les libertés". Pour sa part, Me Saïd Zahi a révélé qu'il a rendu visite à Fethi Gheras en prison il y a deux jours. "Je n'avais pas l'impression d'être devant un prisonnier. J'ai plutôt le même Fethi Gheras que j'ai toujours rencontré en liberté", a-t-il dit.