Le Québec s'apprête à accueillir plus de 70 000 immigrants l'année prochaine, un record jamais égalé, alors que la province fait face à une grave pénurie de main-d'œuvre, exacerbée par la pandémie de Covid-19. Dans son plan d'immigration pour l'année 2022 déposé jeudi à l'Assemblée nationale, le gouvernement du Québec prévoit recevoir, en plus de sa cible annuelle habituelle oscillant entre 49 000 et 52 500, quelque 18 000 personnes qui n'ont pas pu être admis en 2020 pour cause de crise sanitaire. Ce rattrapage portera donc à 70 500 le nombre de nouveaux immigrants l'année prochaine. "Avec ce plan, le gouvernement du Québec maintient le cap sur les cibles d'immigration, afin que les personnes immigrantes puissent contribuer à la relance économique de toutes les régions du Québec", a indiqué la ministre provinciale de l'Immigration, Nadine Girault, dans un communiqué. La crise sanitaire est venue plomber bien des secteurs d'activité déjà en prise avec la rareté de la main-d'œuvre. D'où la volonté du gouvernement caquiste (de la CAQ, Coalition Avenir Québec, parti au pouvoir) d'accueillir plus d'immigrants. Le gouvernement de François Legault mise sur des bassins géographiques francophones, comme l'Afrique du Nord et subsaharienne, pour atteindre sa cible. Québec vise à ce qu'au moins 82% des candidats admis soient francophones. C'est dans ce sens que les candidats algériens pourraient se voir "privilégiés", en raison de la question linguistique justement. Québec dépense beaucoup d'argent dans la francisation des immigrants nouvellement arrivés, mais les résultats sont souvent mitigés. Les candidats asiatiques et latinos sont parmi les premiers candidats à la francisation, alors que les Algériens ont quand même une maîtrise, il est vrai relative, du français, et peuvent engranger des points dans l'étude de leur dossier, grâce à cet atout, plutôt ce "butin de guerre", pour paraphraser Kateb Yacine, dont nous avons commémoré l'anniversaire de son décès ce week-end. Bon an mal an, 3 000 à 4 000 candidats algériens sont admis chaque année au Québec. Un chiffre revu à la baisse depuis un moment, avant de passer carrément à la trappe en raison de la crise sanitaire et de la fermeture des frontières. Comme la question migratoire est une compétence partagée entre les gouvernements fédéral et provincial, Québec accuse souvent Ottawa de retarder le processus de délivrance de la résidence permanente aux candidats en possession du certificat de sélection du Québec. "Le contexte de la relance économique rend plus nécessaires que jamais l'accélération de la délivrance de la résidence permanente de même que le respect du plan d'immigration du Québec par le gouvernement fédéral", a ajouté la ministre.