La Coalition Avenir Québec compte ramener le nombre des immigrants admis annuellement dans la province de 50 000 à 40 000. Un jeune parti estampillé à droite et anti-immigration arrive au pouvoir, après trois tentatives depuis 2012, balayant les libéraux du pouvoir au Québec. La Coalition Avenir Québec (CAQ) de François Legault a raflé la mise avec 74 sièges sur 125 que compte l'Assemblée nationale de la province. Le Parti libéral du Québec (PLQ), au pouvoir depuis 2014, arrive en seconde position avec 32 députés élus. Les deux formations souverainistes, Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ), ferment la marche avec 10 et 9 sièges respectivement. La CAQ met ainsi fin à 50 ans de bipolarité politique. Depuis 1968, le PLQ et le PQ alternaient au pouvoir. Elu dans la circonscription de l'Assomption, au nord de Montréal, le tout nouveau Premier ministre a réitéré sa volonté d'insuffler le changement que souhaitent, selon lui, les Québécois. "Aujourd'hui, on a marqué l'histoire", a-t-il déclaré, lors de la soirée électorale, lundi, après les résultats du scrutin. "On va se donner un gouvernement efficace", a tonné le 32e Premier ministre de l'histoire du Québec, après sa victoire éclatante. Le chef de la CAQ a promis d'apporter des changements au système d'immigration au Québec. La thématique a constitué un enjeu de taille lors de la campagne électorale qui a vu les chefs des partis politiques croiser le fer à plusieurs reprises. La CAQ compte ainsi ramener le nombre des immigrants admis annuellement dans la province de 50 000 à 40 000. De plus, M. Legault prévoit de faire subir des tests de langue française et de "valeurs québécoises" aux nouveaux arrivants, au terme de trois années d'installation. Ses adversaires politiques l'accusent de "faire peur" aux Québécois avec sa politique envers les immigrants. Le Premier ministre sortant, le libéral Philippe Couillard, a vanté, pour sa part, la politique de son gouvernement envers l'immigration entrée en vigueur en septembre dernier. L'immigration a toujours polarisé les débats électoraux. Elle revient chaque fois comme une litanie. Toujours est-il que ces combats de coqs n'ont pas permis quelque amélioration à la situation des immigrants, notamment les nouveaux arrivants. À titre d'exemple, les immigrants d'Afrique du Nord sont les plus touchés par le chômage : deux fois plus que la moyenne nationale. Quand ils ont accès à un emploi, les immigrants sont confrontés à la sempiternelle question de la reconnaissance des diplômes. Beaucoup sont contraints de se réorienter professionnellement. Il n'est pas rare de voir des médecins "reconvertis" en infirmiers, et parfois en chauffeurs de taxi. Le Québec attire toujours des immigrants et de plus en plus d'Algériens veulent s'installer dans cette province francophone du Canada. Ceci au moment où l'Europe durcit sa politique d'immigration, en se barricadant davantage devant la détresse des immigrants en Méditerranée. Le nouveau gouvernement caquiste changera-t-il les paradigmes qui ont toujours guidé la politique québécoise en matière d'immigration ? Rien n'est moins sûr. Y. A.