Pour mieux accueillir ses immigrants francophones dans ses provinces et territoires, le gouvernement canadien annonce la création du Centre des politiques d'immigration francophone qui aura comme principaux objectifs d'accroître l'immigration francophone hors Québec. Ce centre visera aussi à améliorer la collaboration entre le ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, les provinces et les territoires, comme le prévoit le Plan d'action fédéral-provincial-territorial récemment annoncé en matière d'immigration francophone, a annoncé le ministre Ahmed Hussen. Rappelons que le gouvernement du Canada fait des efforts de promotion, de communication et de recrutement à l'étranger dans l'espoir d'attirer, d'intégrer et de retenir les nouveaux arrivants francophones. À l'automne, le Centre présentera une stratégie pour atteindre les objectifs d'Ottawa en matière d'immigration francophone. Cette initiative découle du Plan d'action pour les langues officielles 2018-2023 : Investir dans notre avenir, qu'ont annoncé en mars dernier le premier ministre Justin Trudeau et Mélanie Joly, ministre du Patrimoine canadien. Le plan prévoit une augmentation des investissements de 40,8 millions de dollars sur 5 ans pour soutenir la mise en place d'une voie d'intégration francophone consolidée et la coordination des politiques et des programmes d'immigration francophone. Il propose des mesures comme la création du Centre des politiques d'immigration francophone. L'immigration francophone au Canada Selon les plus récents chiffres, la population immigrée francophone vivant à l'extérieur du Québec au pays est relativement peu importante, tant en nombre absolu que par rapport à l'ensemble des personnes de langue française ou par rapport à l'ensemble de la population immigrée. Toutefois, le poids relatif des immigrants francophones au sein de l'ensemble de la population de langue française s'est accru, passant de 6,2 % à 11,7 % entre 1991 et 2011, alors que son poids au sein de l'ensemble de la population immigrée a connu une variation plus modérée, atteignant 2 % en 2011. Dans le cadre du Plan d'action pour les langues officielles 2018-2023, le gouvernement du Canada s'est engagé à soutenir la vitalité des collectivités francophones en situation minoritaire et à accroître la proportion d'immigrants francophones hors Québec, avec une cible de 4,4 % de tous les immigrants d'ici 2023. Mieux informer et accueillir les immigrants francophones Le Centre francophone de Thunder Bay et l'Association des francophones du Nord-Ouest de l'Ontario (AFNOO) mènent ces jours-ci des consultations pour la création d'une trousse d'accueil pour les immigrants francophones. Cette démarche s'inscrit dans un projet de trois ans du Centre francophone qui vise à réduire l'isolement des francophones à Thunder Bay. L'AFNOO s'occupe quant à elle du volet régional. Claire Thiébaut, la gestionnaire du projet pour le Centre francophone, souhaite créer la trousse d'accueil la plus utile possible. Pour y arriver, les deux organismes ont lancé un sondage en ligne, en plus d'organiser des rencontres en personne. Des consultations ont pour l'instant eu lieu à Thunder Bay, Ignace, Dryden, Sioux Lookout, Terrace Bay et Nipigon. D'autres communautés de la région seront visitées au cours des prochaines semaines. Que cherchent les nouveaux arrivants? Selon le sondage, le logement et le transport sont les priorités pour les personnes qui comptent déménager dans le Nord-Ouest. Une fois sur place, ils veulent en savoir plus sur les démarches administratives, la présence d'une communauté francophone et les attraits de la ville. Un enjeu qui engage l'avenir L'immigration n'a jamais fait l'objet d'un véritable débat serein en tant qu'enjeu électoral au Québec. Elle a toujours été abordée, par les partis politiques, comme un élément secondaire de leurs engagements électoraux, sans plus. La prochaine élection fera-t-elle exception ? En tout cas, au Canada comme ailleurs dans le monde, la question devient de plus en plus incontournable. Au Québec, une réflexion honnête et transparente s'impose, car le Canada est l'un des pays les plus ouverts à l'immigration, et le Québec ne peut pas faire l'économie de ce débat, à cause des ratés de l'intégration et de la crise des milliers de demandeurs d'asile de Saint-Bernard-de-Lacolle qui est loin de se résorber. 400 ans d'immigration et de diversité francophone au Canada Une rencontre sur l'immigration francophone et l'effet de la diversité sur les langues officielles du Canada avait eu lieu à Ottawa. La discussion, qui a été organisée par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, en collaboration avec Patrimoine canadien, Bibliothèque et Archives Canada et la Fédération des communautés francophones et acadienne, avait comme objectif de sensibiliser davantage le public à la vitalité des communautés francophones en situation minoritaire et de générer des discussions sur le rôle et les répercussions de l'immigration sur la francophonie canadienne ainsi que sur l'influence de la diversité sur l'avenir des langues officielles. Cette rencontre fait partie d'une série d'événements et d'initiatives autour du Plan d'action du gouvernement pour les langues officielles – 2018-2023 : Investir dans notre avenir. Ce plan présente la vision du gouvernement canadien en ce qui concerne l'avenir de la francophonie du pays et apporte de nouveaux fonds. Le plan propose aussi des mesures pertinentes pour soutenir la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire et pour promouvoir le français et l'anglais d'un océan à l'autre. Visa refusé malgré une invitation à une visite exploratoire Une Algérienne qui voudrait s'installer au Manitoba n'a pu obtenir de visa du gouvernement fédéral, même si elle était invitée par la province à une visite exploratoire. Cette situation est plus courante qu'on ne le pense, selon une agente en immigration. Rabha Boucheta est mariée, a quatre enfants et habite dans la région de la grande Kabylie, en Algérie. Psychologue de formation, la femme de 39 ans a du mal à trouver un emploi dans son domaine. Elle travaille comme agente de bureau. En novembre 2016, elle a déposé un dossier pour entamer le processus d'immigration avec le programme des candidats du Manitoba (PCM). Ce programme permet aux provinces de sélectionner et de soutenir des candidats à la résidence permanente. En octobre 2017, le gouvernement du Manitoba a approuvé sa participation à une visite exploratoire, organisée avec l'appui de son organisme partenaire en immigration francophone, le Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba (CDEM). Rabha Boucheta a acheminé au gouvernement fédéral sa demande de visa de visiteur, appuyée par une lettre du Manitoba et une lettre du CDEM datée de mars 2018. « Afin d'être admissibles sous le volet stratégique du PCM, les personnes cherchant à immigrer au Manitoba doivent effectuer une visite exploratoire avant de déposer leur demande au PCM. Cette visite est approuvée au préalable par le ministère de l'Immigration du Manitoba après avoir évalué les diplômes, l'expérience de travail, les fonds d'établissement et le niveau linguistique du candidat », indique la lettre du CDEM. Sa demande de visa a été refusée. Le gouvernement fédéral n'était pas convaincu que Mme Boucheta quitterait le Canada au terme de son séjour d'une semaine.