La présidence de la République parle d'un "bombardement barbare" et évoque, dans un communiqué, "plusieurs facteurs désignant les forces marocaines comme ayant commis, avec un armement sophistiqué, ce lâche assassinat". Qualifié de crime d'Etat, Alger assure que cet acte "ne restera pas impuni". Les responsables de la mort de trois de ses ressortissants, lundi dernier, étant tout désignés, Alger prévient que ce crime "ne restera pas impuni". Dans un communiqué de la présidence de la République, rendu public, hier, l'Algérie a vivement réagi à l'attaque du 1er novembre dernier en désignant clairement Rabat comme le coupable de la mort des Algériens "lâchement assassinés par un bombardement barbare de leurs camions". L'enquête déclenchée par les autorités algériennes sur cet acte, qualifié d'"ignoble" et de "terrorisme d'Etat", pour élucider les circonstances qui l'ont entouré, a permis de désigner, sur la base de plusieurs facteurs, "les forces d'occupation marocaines au Sahara occidental" comme responsables de ce "lâche assassinat" commis "avec un armement sophistiqué", rapporte la même source d'information. Cette dernière estime que cette "nouvelle manifestation d'agressivité brutale" est "caractéristique d'une politique connue d'expansion territoriale et de terreur". Pour Alger, les trois victimes innocentes de cette attaque "en ce glorieux jour du 1er Novembre" sont considérées comme des "martyres", affirmant que "leur assassinat ne restera pas impuni". Une menace dont les contours sont encore imprécis dans un contexte de grave crise entre les deux pays. Selon les premières informations relayées par la presse, l'armée marocaine a bombardé, dans l'après-midi du 1er novembre, deux camions de transport algériens qui faisaient la liaison Nouakchott-Ouargla, faisant trois morts. Une information confirmée par le communiqué de la présidence de la République. Selon le témoignage des proches des victimes, ajoutent les comptes rendus médiatiques, les deux camionneurs à bord de leurs véhicules MAN, en étaient à leur premier voyage et étaient accompagnés d'un troisième Algérien d'Ouargla, un habitué du trajet. L'attaque a eu lieu entre Aïn Bentili et Bir Lahlou en territoire libéré, par où passe la route entre l'Algérie et la Mauritanie. Les deux camions étaient à l'arrêt lorsqu'ils ont été touchés par des tirs d'artillerie provenant du mur de séparation marocain se trouvant à plus de 25 km des lieux. Pour rappel, Alger avait annoncé, le 24 août dernier, la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. "L'Algérie a décidé de rompre les relations diplomatiques avec le royaume du Maroc à partir de ce jour", avait déclaré le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, qui avait justifié cette décision par les actions hostiles du Makhzen à l'encontre de l'Algérie. La normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël avait encore ravivé les tensions avec l'Algérie qui avait dénoncé des "manœuvres étrangères" visant à la déstabiliser. En juillet dernier, Alger avait rappelé son ambassadeur à Rabat pour "consultations avec effet immédiat" après l'annonce faite par l'ambassadeur marocain à l'ONU, durant une réunion du Mouvement des non-alignés, soutenant "l'autodétermination" du "peuple kabyle" en Algérie. Une dizaine de jours plus tard, le scandale Pegasus éclatait. Dans un communiqué rendu public par son ministère des Affaires étrangères, Alger avait exprimé "sa profonde préoccupation à la suite des révélations (...) faisant état de l'utilisation à large échelle par les autorités de certains pays, et tout particulièrement par le royaume du Maroc, d'un logiciel d'espionnage dénommé Pegasus contre des responsables et citoyens algériens". Le 22 septembre, elle décidait la fermeture immédiate de son espace aérien à tous les avions civils et militaires marocains, et à tous ceux immatriculés dans le royaume chérifien. Une décision prise "face à la poursuite des provocations marocaines et des pratiques hostiles", selon les explications algériennes.