Les représentants de la société civile au Soudan ont entamé, hier, deux jours de "désobéissance civile" pour exiger le retour à l'"avant 25 octobre", jour où le général Abdel Fattah Al-Burhane a dissous l'ensemble des institutions du pays et arrêté la quasi-totalité des civils avec lesquels il partageait le pouvoir, rapportent des médias. Hier matin, des jeunes empilaient briques et pavés pour bloquer les routes de la capitale, ont constaté des correspondants de presse sur place, tandis que des magasins étaient fermés. "Il y a moins de mouvement dans les rues, mais le blocage n'est pas total", rapporte un témoin à Omdourman, ville-jumelle de Khartoum. En parallèle, les négociations se poursuivent entre militaires, dirigeants civils et médiateurs locaux ou internationaux pour trouver une solution à la crise. Jusqu'ici, elles n'ont toutefois mené ni à la formation d'un nouveau gouvernement — ou au retour de celui démis brutalement par le général Burhane (le Premier ministre Abdallah Hamdok) — ni même à l'adoption d'une position claire sur la reprise ou non de la transition démocratique lancée à la chute du président Omar El-Béchir en 2019. Pour les syndicats et autres associations à la pointe de la "révolution" anti-Béchir, la ligne est claire : "Pas de dialogue, pas de négociation, pas de partenariat", clament-ils dans des communiqués diffusés par SMS, internet étant bloqué depuis 14 jours. En 2019, hauts gradés et civils pro-démocratie avaient décidé de gérer ensemble la transition, mais pour de nombreuses voix, aujourd'hui, ce partenariat est impensable après le putsch. Le Premier ministre Abdallah Hamdok, en résidence surveillée, et ses rares ministres en liberté, continue de plaider pour le retour à l'avant 25 octobre. Des négociateurs de la Ligue arabe, du Soudan du Sud, de l'ONU multiplient les rencontres avec les deux camps, mais leur tâche est compliquée : le représentant de l'ONU au Soudan, Volker Perthes, s'est indigné jeudi dernier de voir que des politiciens civils venus le rencontrer à son QG avaient été arrêtés par l'armée... sur le pas de sa porte ! Le coup de force et les évènements ayant tué 14 manifestants selon des médecins ont déjà valu au Soudan sa suspension de l'Union africaine et des coupes considérables dans l'aide internationale.