L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a, dans son dernier rapport mensuel publié jeudi dernier, revu à la baisse ses prévisions de croissance de la demande pétrolière mondiale pour 2021. Elle a expliqué que cette contraction est liée au "ralentissement de la reprise de la demande de pétrole en Chine et en Inde au troisième trimestre". En outre, l'économie chinoise évolue à un rythme moins rapide que prévu. En effet, sur un an, "le PIB de la Chine a augmenté de 4,9% au troisième trimestre, contre +7,9% au deuxième". Le FMI a révisé en baisse en octobre ses prévisions d'expansion pour ce pays, moteur de la croissance mondiale, en tablant sur "8% pour l'année (-0,1%)". L'Opep a estimé que "la demande mondiale aura bondi de 5,7 millions de barils par jour sur l'ensemble de l'année 2021, alors qu'elle tablait sur une croissance annuelle de 5,82 millions de barils par jour en octobre, et de 5,96 millions de barils par jour en septembre". La consommation mondiale de pétrole devrait ainsi atteindre "96,4 millions de barils par jour en 2021", selon le rapport de l'Opep. Pour 2022, l'organisation signale un léger mieux, en relevant que la demande mondiale "augmentera à 100,6 millions de barils par jour, soit 500 000 barils par jour de plus que la consommation d'avant la pandémie". La reprise de l'économie mondiale prévue en 2022 placerait, en fait, la demande de pétrole sur un sentier de croissance relativement élevé. Cette croissance représenterait "4,2 millions de barils par jour", ainsi que le souligne le rapport de l'Opep. Quid de la production de l'organisation pétrolière ? Celle-ci a indiqué qu'elle a grimpé à "27,453 millions de barils par jour" en octobre, soit un relèvement de "217 000 barils par jour" par rapport à septembre, selon des sources secondaires (indirectes) citées dans le rapport. Elle a été tirée à la hausse par "l'Arabie saoudite qui a augmenté sa production de 110 000 barils par jour par rapport à septembre". Le Nigeria, en revanche, a baissé la sienne de "45 000 barils par jour", selon les mêmes sources. La croissance de l'économie mondiale n'est pas encore suffisante pour permettre à la demande de pétrole de reprendre de la vigueur en 2021. Si la demande ralentissait encore, cela se traduirait par des stocks plus abondants et des prix déprimés. L'Opep et ses alliés en sont conscients. Aussi, soulignent-ils la nécessité de continuer à renforcer leur capacité à agir efficacement pour maintenir la tendance à la hausse des cours du brut. Hier, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a atteint 81,89 dollars. À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour le mois de décembre perdait 1,47% à 80,39 dollars. Pour beaucoup d'observateurs, l'Opep et ses partenaires sont en mesure de peser sur l'évolution des marchés, à condition qu'ils parlent d'une seule voix. Cependant, et au-delà des objectifs qu'elle se fixe, cette alliance ne pourrait être à l'abri d'un retournement imprévu sur les marchés où les incertitudes sont encore loin d'être dissipées. Les incertitudes autour des marchés augmentent à mesure que les prévisions faites autour de la demande pétrolière portent sur des projections de plus en plus éloignées dans le temps.