Que pensez-vous des déclarations de Henri Michel qui pense que la Coupe d'Afrique des nations (20 janvier-10 février) est mal placée, une année de Coupe du monde (9 juin-9 juillet) ? Lemerre : Je n'ai pas de commentaire à faire... Bien placée ou mal placée, c'est une compétition internationale, et il faut y aller. La vie est faite de rendez-vous. La CAN est une opportunité. Tout rassemblement est positif. Je comprends qu'il y ait des intérêts divergents entre clubs et équipes nationales. Lors de la CAN, j'espère enrichir l'effectif national avec de grands talents. Si je peux mettre des gens en situation, je ne m'en priverais pas. La vérité d'aujourd'hui n'est pas celle de demain. Il y aura l'équipe de Tunisie à la CAN. Il y a des gens dont on connaît les potentialités et ce sera l'occasion de les voir en situation. Maintenant, si Trabelsi veut venir, tant mieux. Que peuvent faire les Africains au Mondial ? Le monde entier est dans l'attente d'un résultat des Africains. Les Africains inondent l'Europe de leur talent, pourquoi pas remporter la Coupe du monde ? Ce sont de grands joueurs. C'est un autre football. Par le passé, j'ai passé des heures pour voir des matches du Cameroun et du Nigeria, en Italie notamment... (Cameroun quart de finaliste éliminé après prolongation contre Angleterre lors du Mondial-1990). On reproche aux Africains leur manque de rigueur ? L'Afrique n'a pas moins de rigueur qu'un autre continent, mais la culture est différente. En football, on a besoin de rigueur, mais c'est la créativité qui fait la différence. Entre la structure et la liberté, j'ai choisi la créativité. Dans le football, il y a des fonctions mais c'est le dépassement de fonction qui fait que tu gagnes. C'est ce qui est amusant dans les sports collectifs, il faut faire l'amalgame entre le structurel et la liberté, mais le dépassement de fonction, l'exploit individuel font basculer les choses. Comment vivez-vous en Tunisie ? C'est une belle expérience. Je la souhaite à tout le monde... Partir, revenir, ne jamais être chassé, c'est ça le bonheur. La Tunisie est le seul pays africain qualifié pour le Mondial à avoir participé au Mondial asiatique, avec en plus la victoire à la CAN-2004. Comment expliquez-vous cette réussite ? Il y a plusieurs facteurs. Premièrement, je pense qu'il y a le vivier. Le vivier est important et il reste dans le pays même si maintenant beaucoup de joueurs sont partis à l'étranger... Une grande partie ne joue pas dans son club d'ailleurs. Il y a un travail de douze ans sur la formation, les structures. Le niveau des jeunes est bon, il y a une grande homogénéité en Tunisie. Nous avons joué en Allemagne la Coupe des confédérations. Nous avons perdu nos deux matches contre l'Allemagne (0-3) et l'Argentine (1-2) mais je crois qu'on peut dire qu'on a perdu avec élégance.