L'attaquant ivoirien Didier Drogba, qui disputait hier un match amical avec sa sélection contre la Roumanie au Mans (ouest de la France), a estimé que la Côte d'Ivoire, qualifiée pour la Coupe du monde de football 2006, n'était “pas encore mature”, mais capable de faire “un coup”. Est-ce que vous avez digéré votre qualification et ce scénario ? Incroyable ! (la Côte d'Ivoire s'est qualifiée aux dépens du Cameroun, qui a raté un penalty crucial lors de la dernière journée, ndlr) Les souvenirs sont dans la tête, mais on est déjà passé à autre chose. Moi je devais me reconcentrer sur le championnat et après on s'est recentré sur la CAN et la Coupe du monde. L'euphorie est un petit peu passée. On est plutôt dans le travail pour justement préparer ces évènements-là. C'est tout de même un poids en moins ? Il y a une sorte d'apaisement avec cette qualification, c'est vrai. Un poids est parti. Et puis ce qui est bien, c'est que certains joueurs qui ont participé à l'aventure au début et qui ne sont plus dans l'équipe, nous ont rejoints. On a demandé à ce qu'ils reviennent un petit peu. Il y a un super état d'esprit dans cette équipe. Avec cette qualification, vous faites du coup partie des favoris pour la Coupe d'Afrique des nations en Egypte (20 janvier-10 février). Cela ne veut rien dire ! La France avait gagné la Coupe du monde en 1998, et en 2002, ils n'ont pas fait un super Mondial. Il n'y a pas de logique dans le football. On peut s'attendre à tout. Le fait de nous être qualifiés ne nous donne pas d'avantage. Votre sélectionneur Henri Michel pense justement que la CAN est très mal placée, trois mois avant le Mondial en Allemagne. Vous partagez son avis ? C'est un trophée, c'est un titre. On savait qu'en se qualifiant pour le Mondial, on se qualifiait pour la CAN. Donc maintenant on ne peut pas dire qu'on va la jouer pour se préparer à la Coupe du monde. Ce serait manquer de respect à cette compétition, même si elle est effectivement mal placée. Vous avez raté vos grands rendez-vous contre la France (3-0) et contre le Cameroun qui vous a battus deux fois lors des éliminatoires. Que manque-t-il encore à cette équipe ? Le groupe a beaucoup changé. Même si certains cadres arrivent à maturité, ce n'est pas le cas pour le groupe. Il est tellement jeune que la maturité est encore loin. La CAN va permettre de voir où on en est au niveau des grandes compétitions si on a le “truc” qui nous transcende ou si on passe à côté. Le contexte politique en Côte d'Ivoire a certainement dû vous mettre encore plus de pression lors du dernier match face au Cameroun ? Contre le Cameroun, ce qui s'est passé c'est qu'on n'a pas été bons. Nous étions tendus, mais cela n'avait rien à voir avec une quelconque pression du peuple. L'ambiance était carrément festive. On est juste passé à côté. On n'a pas répondu présent ce jour-là. C'est un truc qu'il faut qu'on travaille. Ce sont de gros matches comme ça qui nous manquent. Malgré votre inexpérience, vous avez tout de même de l'ambition pour la CAN et le Mondial ? Le fait de ne pas être à maturité ne veut pas dire qu'on ne peut pas faire un coup. Notamment, en Coupe du monde. Tout peut arriver une fois qu'on est à cette compétition-là. Qui aurait cru que le Sénégal irait jusqu'en quarts de finale ? Personne. Aujourd'hui, c'est la Côte d'Ivoire, le Togo, le Ghana, l'Angola... Tout est possible.