Malgré leur handicap, les enfants scolarisés dans ce centre ne sont pas pris en charge par le transport scolaire qu'assurent les communes. À cela s'ajoute la lourde charge fiscale que l'établissement est contraint de payer et que ses responsables demandent d'alléger. Le centre psychopédagogique de Bouzeguène risque de fermer ses portes à n'importe quel moment, a alerté le président de l'association locale des handicapés, Saïd Hamoum, lors de la journée d'étude organisée dans cet établissement en début de semaine. Domicilié à la crèche communale d'Aït Ikhlef, ce centre où sont pris en charge 105 handicapés de six communes – Bouzeguène, Idjeur, Illoula Oumalou, Yakouren, Imessouhal (Iferhounen) et Souamaâ (Mekla) – vit les pires moments depuis sa création. La gorge parfois nouée et les yeux en larmes, le président de l'association, M. Hamoum (non-voyant) a, en premier lieu, déploré l'absence de soutien de certaines communes pourtant concernées mais qui refusent d'assurer le transport des enfants handicapés à partir du lieu de résidence des enfants jusqu'au centre de formation. "Notre association est à but non lucratif, mais elle a une surcharge de 30 millions de centimes par mois pour la location des fourgons de transport afin d'acheminer les handicapés au centre et les faire bénéficier de leur scolarité", a-t-il ajouté, réaffirmant sa volonté d'aller jusqu'au bout pour préserver ce centre. "On ne fermera pas ce centre, même si on nous coupe l'oxygène !", a-t-il lâché. "Toutes ces communes ont pourtant bénéficié de bus dits de solidarité, destinés aux nécessiteux. Malheureusement, ils sont affectés uniquement aux collégiens et lycéens mais pas aux handicapés", a-t-il regretté, non sans oublier de préciser que "la constitution a pourtant consacré dans son texte de loi que l'éducation est pour tous, sans exclusive". M. Hamoum a aussi tenté de défendre les enseignantes "qui exercent avec un salaire très loin de couvrir les efforts consentis durant les heures de travail". Selon M. Hamoum, le service des impôts applique à l'association une imposition à hauteur de 20%, alors qu'elle doit en être totalement exonérée. Présente à cette rencontre, la représentante des services fiscaux de la wilaya s'en défend : "Le taux appliqué est normalement de 18% et non 20%." Elle a promis de se renseigner et de chercher les voies et moyens d'alléger ou suspendre totalement les charges de l'association. Mme Kessal, ancienne enseignante et actuelle cheffe de service technique du centre, a, quant à elle, présenté l'état des lieux et les objectifs de l'association. Elle a préconisé de "changer le regard vis-à-vis du handicapé", qui doit se sentir comme un être normal à part entière. De son côté, Dr Hamoum Baya, secrétaire générale de l'association, a mis en exergue l'objectif du centre. "Le centre a été créé en 2008 pour une mission publique et un besoin d'éducation et d'ouverture d'esprit de la société envers cette frange de personnes. Il fonctionne avec 6 emplois Anem, 7 bénévoles, 10 contrats DAS et 12 contrats pris en charge par l'association Ahla", explique-t-elle, ajoutant que "dans le cadre du projet de compostage, l'association a conclu un autre contrat avec l'institut agronomique, suivi de la création d'un centre d'aide au travail (CAT), notamment celui du jardinage floral et légumier. C'est un projet d'insertion économique". "Les enfants qui sont là depuis plusieurs années ont été forgés dans le travail, la force, le sérieux et la compétence. La preuve c'est que le centre de compostage est l'unique à travers toutes les communes environnantes. Le centre produit un compost ultra bio grâce à ces enfants aux besoins spécifiques. La protection de l'environnement est l'objectif principal de ce centre. La réussite ne s'est pas fait attendre, car, outre le compost, les enfants cultivent aussi des légumes de qualité. Les déchets sont une source de richesse. Ne croyez pas qu'on fatigue les enfants, on les forme, on les éduque, on leur donne une chance de s'en sortir, et croyez-moi, ils s'y plaisent", affirme Dr Hamoum. "Si nous avons atteint un tel niveau, c'est grâce à Arezki Hamoum qui s'est battu pour la généralisation du tri sélectif, à défaut de construire des CET onéreux, à durée de vie limitée et aux conséquences dramatiques", conclut-elle.