Les commerçants grossistes avancent que c'est l'instauration de la facturation et la loi sur la spéculation qui ont contraint certains d'entre eux à freiner leur activité de peur de tomber dans l'illégalité. La pénurie qui touche ces derniers temps un produit de première nécessité, en l'occurrence l'huile de table, trouve en grande partie son explication non dans son indisponibilité, mais dans la facturation du produit. Des grossistes de produits alimentaires sont, en effet, réfractaires à l'instauration de la facturation. C'est du moins ce qu'affirment certains d'entre eux questionnés à ce sujet, eux qui font partie intégrante du réseau de distribution du produit et qui ont été unanimes à ce sujet. L'échantillon nous vient de Heliamia un quartier commerçant situé dans la commune de Boudouaou à l'ouest de Boumerdès où une centaine de grossistes de produits alimentaires exercent leur activité. Arrivés sur place, nous constatons que ce quartier qui d'habitude grouille de monde, est quasiment désert. La circulation est également fluide. Le tronçon routier menant vers Ouled Moussa où ces grossistes travaillent est de coutume caractérisé par des bouchons interminables. En longeant le boulevard de la localité, on se rend bien compte que le mouvement des véhicules utilitaires des détaillants de la région qui s'approvisionnent en ce lieu, est considérablement réduit. "Cela fait plus d'un mois que nous ne nous sommes pas approvisionnés", assure un grossiste de denrées alimentaires, qui anticipe et livre le pourquoi de la chose. "Tant que le produit nous est facturé, nous ne sommes pas près de le commercialiser", affirme ce grossiste qui a requis l'anonymat. Il explique que cette contrainte a dissuadé non seulement les grossistes mais également les commerçants détaillants qui, à leur tour, doivent fournir à chaque approvisionnement une copie du registre du commerce avant d'être facturés. Ce grossiste rappelle qu'avant l'application de cette mesure, des semi-remorques pleins à craquer livraient chaque jour de l'huile de table à Helaimia. "Que voulez-vous faire, nous ne pouvons pas d'une part travailler à perte et d'autre part, en nous faisant livrer, garder une partie de notre marchandise dans nos dépôts, et ainsi être sans le vouloir des spéculateurs et des hors-la-loi. Alors autant ne pas nous approvisionner et éviter les problèmes", nous dit-il sur un ton résigné. Il nous apprend que des contrôles inopinés des agents des services du commerce et des brigades de lutte contre la fraude se font régulièrement. Contrairement à lui, un autre grossiste, qui a également requis l'anonymat, se ravitaille en huile de table mais en quantité réduite. "Je suis tenu de fournir, pour chaque quantité vendue aux détaillants, toutes les copies des factures et cela chaque jour que Dieu fait à la direction du commerce de la wilaya", indique-t-il avant d'enchaîner : "Ils nous exigent aussi d'exposer la marchandise en devantures des magasins." Il précise également que les dépositaires qui font actuellement et sur "instruction", selon ses dires, de la vente directe aux citoyens à raison de 600 DA le bidon d'huile et approvisionnent les grandes surfaces de leur laisser le soin de le faire et d'assurer ainsi une marge bénéficiaire conséquente. "Le bidon nous est facturé actuellement à 585 DA, nous le revendons au détaillant à 588 DA, ce qui fait un maigre bénéfice de 3 DA seulement au moment où le détaillant se fait une marge de plus de 50 DA", déplore notre interlocuteur qui ajoute qu'ils sont actuellement quatre grossistes à Helaimia à faire de la vente sur facturation. "Jusqu'à quand ?", s'interroge-t-il.