Face aux défaillances de notre système de santé, révélées particulièrement par la pandémie, les recommandations des participants aux assises de la santé pour moderniser ce système peuvent être salutaires pour peu que tout le monde s'y implique. Abdelmadjid Tebboune promet en tout cas de satisfaire les doléances des professionnels. Au bout de deux jours de discussions et de travaux d'ateliers, les participants au séminaire national sur la santé ont proposé une thérapie de choc dans le but de combler "les lacunes du secteur de la santé". Dans un document synthétisant les travaux de huit ateliers, les participants à cette rencontre, qui a regroupé plus de 700 participants, ont formulé des propositions visant notamment à "moderniser" et "numériser" le secteur de la santé. Sans aller dans le détail, les recommandations des participants, qui serviront de base de travail pour la réforme du secteur de la santé, proposent notamment de diversifier les sources de financement des structures de santé. Cela se base sur une "autonomie financière" des hôpitaux et établissements de santé et surtout à travers la réactualisation du système de "tiers payant" de sorte à impliquer les organismes de Sécurité sociale dans le financement des hôpitaux. Cela consiste à pousser les citoyens "aisés" à payer leurs soins. À charge des caisses de Sécurité sociale et des pouvoirs publics de régler la facture des citoyens démunis. Cette politique vise notamment à améliorer la gestion de ces structures et leur modernisation. Toujours dans le but de moderniser les institutions de santé, le document sanctionnant les travaux des huit ateliers propose, entre autres, de numériser les services de santé, de développer la télémédecine et de généraliser l'informatisation de ce secteur, qui connaît actuellement un énorme déficit dans ce domaine. Outre ces actions visant à moderniser l'hôpital, les participants au séminaire ont formulé des propositions audacieuses dans le but d'améliorer les conditions de vie et de travail des personnels de santé. Ainsi, en plus de l'augmentation des salaires des médecins et autres fonctionnaires, le document préconise la création d'un régime indemnitaire incitatif pour ces salariés et un plan de carrière adéquat pour eux. Plus que cela, la création d'une "fonction publique spécifique" pour le secteur de la santé est également préconisée, au même titre qu'un système de contractualisation. Il est également question de permettre aux fonctionnaires d'"exercer une activité complémentaire", pour certainement obtenir un complément de revenus. Le texte fait également mention de la nécessaire révision du service civil. Mais aucune piste n'est précisée pour cela. Le document de synthèse donne également des pistes pour un meilleur approvisionnement des structures de santé en médicaments et en équipements. Pour cela, il est recommandé par exemple de "généraliser" le système de la sous-traitance pour éviter les pannes des équipements hospitaliers. La participation d'entreprises privées dans ce domaine fait également partie des pistes proposées. Comme premier commentaire, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a dit "faire siennes" ces recommandations qui vont constituer "la base de travail" de son département ministériel dans les mois à venir. Pour donner un contenu politique à ces recommandations, le ministre a expliqué que cela devait être "inscrit dans le plan d'action du président de la République". Ce dernier a néanmoins tenu à préciser que l'exécution de ces réformes dépendait des "moyens financiers de l'Etat" qui a "construit des structures à des milliards de dinars" mais qui n'arrive pas à offrir des soins de qualité aux citoyens.