Depuis quelques jours, les chiffres relatifs aux nouvelles contaminations sont en baisse. Ils sont descendus, vendredi, pour atteindre 1870 nouveaux cas en 24 heures, avant d'enregistrer hier une nouvelle baisse avec 1 742 cas, comme l'indiquent les données du comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie. Néanmoins, ce nombre, voire cette variation en légère baisse par rapport aux chiffres annoncés durant toute la semaine dernière ne permet pas, selon plusieurs spécialistes, de dessiner avec précision une tendance. Cependant, ils prédisent un nombre de contaminations sur un plateau haut, mais stable. Le Pr Slimane Laouamri, chef du service d'épidémiologie au CHU Saadna-Abdenour et doyen de la faculté de médecine de l'université Ferhat-Abbès de Sétif, a indiqué à Liberté qu'il est un peu tôt pour parler de décrue car cette situation peut durer plusieurs jours : "Je peux vous affirmer qu'on est sur un plateau relativement haut, mais sur un plateau où le nombre de contaminations avoisine toujours les 2000 cas par jour. Cet aplatissement de la courbe entraînera inéluctablement une baisse dans les prochains jours." L'épidémiologiste prédit une descente de la courbe des contaminations, mais souligne qu'il ne faut pas baisser la garde, d'où la nécessité de maintenir les gestes barrières, car la maladie est imprévisible et le virus pourrait rebondir à n'importe quel moment. De son côté, le Pr Nora Righi, du service des maladies infectieuses au CHU de Batna, explique que cette situation durera jusqu'au 2 ou au 3 février pour assister ensuite à une baisse progressivement rapide : "La montée des chiffres a été très rapide et il est prévu aussi qu'après quelques jours de plateau, nous allons assister à une baisse progressive et rapide car nous avons atteint un taux de contagiosité approximatif de 80à 90%." S'agissant de l'immunité collective due à la contamination, notre interlocutrice dira : "Pour le moment, on ne peut parler d'immunité collective car il pourrait avoir une réinfection par le variant Omicron lui-même." La spécialiste a rappelé que la vague actuelle est moins grave que la précédente, cependant elle a avancé que seulement 30% des capacités d'accueil et d'hospitalisation au niveau des structures hospitalières de la wilaya de Batna ont été utilisées, car l'hospitalisation à domicile a pris le dessus. "L'on a assisté à des formes bénignes et modérées qui n'ont pas nécessité l'admission à l'hôpital. Nous avons assuré l'oxygène jusqu'à 20 litres à domicile et, du coup, réservé les lits d'hôpital à d'éventuelles formes graves", a conclu l'infectiologue. Le Dr Yahia Mekki, spécialiste en virologie à l'université Claude-Bernard de Lyon et expert auprès de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), rappelle que jusqu'à la mi-janvier, le variant Delta était dominant avec 90% des ca. Il a indiqué que le variant Omicron était très transmissible mais moins virulent ; il a entrainé moins d'hospitalisations et du coup moins de décès. "Si les chiffres relatifs aux contaminations sont entrain de diminuer en Algérie et en Afrique du Nord par rapport à cette vague Omicron, tant mieux, cela veut dire que le pic épidémique est passé. Cependant, il faut faire attention, car on est en virologie et après une tempête, il peut y en avoir une autre. En effet, on peut se débarrasser complètement d'un virus et dire qu'on est immunisé, mais pour dire que l'Algérie a atteint l'immunité généralisée, il faut avoir des arguments scientifiques", a confié à Liberté le Dr Mekki. Et d'expliquer : "Pour parler d'immunité collective, il faut faire des travaux de recherche en faisant des tests de dépistage de la population à travers au moins cinq ou six wilayas travers les régions du pays, à savoir l'Est, l'Ouest, le Centre et le Sud, sur les personnes qui se présentent aux structures sanitaires dont les femmes enceintes, les enfants en services de pédiatrie, les personnes qui se présentent pour un don de sang, etc. A l'issue de ce dépistage, on aura un aperçu sur le nombre de personnes qui ont développé des anticorps (IGG) contre Sars-Cov 2, tous variants confondus. En enregistrant 80% et plus, on pourra dire que l'Algérie est immunisée." En attendant de confirmer l'immunité collective souhaitée, les spécialistes sont unanimes à évoquer la nécessité de maintenir la garde tout en respectant les gestes barrières et la vaccination de toutes les catégories éligibles.