Les militaires au pouvoir au Burkina, sans montrer de signe de revenir sur leur putsch, affichent une disponibilité aux négociations. Aussi ont-ils décidé dans un geste fort de rétablir la Constitution. Premier geste de détente de la junte qui a pris le pouvoir au Burkina la semaine dernière, le rétablissement de la Constitution suspendue et remplacée par l'acte fondamental. Ils n'ont donc pas attendu le retour à l'ordre constitutionnel et continué à gérer suivant les dispositions de l'acte fondamental. Ce geste est adressé à la communauté internationale, notamment la Cédéao, l'Union africaine et l'ONU qui ont envoyé des émissaires à Ouagadougou rencontrer les militaires. Aussi des émissaires internationaux ont considéré lundi à l'issue de leur mission dans le pays que "la junte est très ouverte aux discussions". "Les discussions ont été très franches. Ils ont semblé très ouverts aux suggestions et aux propositions qu'on leur a faites. Pour nous, c'est bon signe", a déclaré à la presse la ministre des Affaires étrangères du Ghana, Shirley Ayorkor Botchwey. Et que, a ajouté de son côté Jean-Claude Kassi Brou, président de la commission de la Cédéao, "je crois qu'on s'est bien compris, nous avons eu de très bons échanges avec le chef de l'Etat. Ce que j'ai noté, c'est leur disponibilité à travailler avec la Cédéao". Par ailleurs, les dirigeants de la Cédéao vont se réunir demain jeudi dans la capitale ghanéenne pour étudier les résultats de ces deux missions et décider d'éventuelles sanctions supplémentaires contre le Burkina. Il est cependant désormais quasiment certain que l'organisation ouest-africaine ne va pas décider de mesures et de sanctions plus contraignantes que celles décidées contre le Mali. Parce que les putschistes burkinabés n'ont affiché aucun entêtement vis-à-vis de l'organisation, ont bénéficié d'un large soutien populaire et politique et se sont montrés depuis le début disposés au dialogue. Des atouts qui vont peser sur les décisions qui seront prises ce jeudi à Accra. Par ailleurs, les Etats-Unis ont dit ce lundi soutenir ces décisions de la Cédéao et de l'UA, et ont à leur tour appelé à la libération de Roch Marc Christian Kaboré. "Nous partageons les inquiétudes des dirigeants africains concernant les actions de responsables militaires au Burkina Faso, principalement la suspension de la Constitution et le renversement d'un président et d'une Assemblée nationale démocratiquement élus", a indiqué Ned Price, porte-parole du département d'Etat américain dans un communiqué. Et pour enfin ajouter un solide argument à leur option, les militaires ont annoncé lundi avoir abattu 163 terroristes et saisi une importante logistique saisie entre le 15 et le 23 janvier 2022, dans le centre-nord du pays par l'armée burkinabé et Barkhane, a rapporté l'Agence d'information du Burkina (AIB). Une efficacité prouvée malgré le manque de moyens, comme ont réclamé les putschistes, dimanche lors du coup de force. L'armée burkinabé et la force antiterroriste Barkhane ont mené l'opération "Laabingol", du 15 au 23 janvier sur une superficie de 8081 km2, dans la région du Centre-Nord, précise la même source qui cite un communiqué de presse. Un bilan fourni par l'armée burkinabé fait état de 163 terroristes neutralisés dont le chef terroriste de la zone de Kelbo, Mdoulé dit Abdramane, précise-t-on. Les deux armées ont aussi démantelé quatre bases terroristes, un dépôt logistique et six engins explosifs. Des armes, des moyens roulants, des vivres, des moyens de communication ont été également saisis. Durant les combats, les forces alliées ont enregistré une perte et deux blessés, ajoute l'AIB.