Plus de deux mois après l'injonction du chef de l'Etat, le cahier des charges fixant les conditions d'importation de véhicules neufs n'est toujours pas prêt. Jeudi, devant les députés, le ministre de l'Industrie s'est montré quelque peu évasif sur la question. En attendant, le citoyen doit compter sur ses seules capacités à pouvoir importer une voiture neuve. Le dossier de l'importation de voitures neuves est loin de connaître son épilogue. En effet, compte tenu de la lenteur du traitement de ce dossier, le secteur automobile risque de connaître une situation similaire à celles des années 2020 et 2021. Alors qu'il soutenait, il y a quelques jours, sur les ondes de la Radio nationale, que le cahier des charges serait bientôt publié au Journal officiel, le ministre de l'Industrie, Ahmed Zeghdar, a indiqué, jeudi dernier, devant l'Assemblée populaire nationale (APN), que la priorité est à la relance de l'industrie automobile et que l'importation de véhicules par les particuliers n'est pas interdite, à condition que le véhicule soit neuf et que le paiement soit réglé par l'acquéreur avec ses propres fonds. Autrement dit, le citoyen devra compter, pour le moment, sur ses seules capacités à pouvoir importer une voiture neuve en recourant au marché du change parallèle de la devise qui, au demeurant, est interdit par la législation. En plus clair, seuls ceux qui sont capables de faire face aux frais d'importation et de taxes de dédouanement pourront importer, à des prix élevés, des véhicules neufs. À la question d'un député qui l'interpellait sur ce dossier, Ahmed Zeghdar a réitéré que le nouveau cahier des charges pour l'importation des véhicules est "à l'étude au niveau des services du Premier ministre" et que les dossiers déposés par les concessionnaires automobiles pour l'importation de véhicules neufs sont "toujours à l'étude par la commission technique" composée de plusieurs représentants de ministères. "Les dossiers sont toujours à l'étude au niveau de la commission technique du ministère de l'Industrie. Pour l'heure, aucun concessionnaire n'est accrédité pour l'importation de véhicules", a-t-il souligné. Sans fixer une échéance à même de permettre aux opérateurs une meilleure visibilité, le ministre de l'Industrie a assuré que l'importation de véhicules neufs répondra "exclusivement" aux besoins du marché et la priorité sera accordée aux véhicules de transport collectif. "Nous voulons une importation contrôlée, suivant les besoins du marché local et aussi fonction des moyens financiers disponibles. La priorité consiste à relancer une véritable industrie automobile au lieu de recourir uniquement à l'importation", a-t-il ajouté. Autrement dit, même si les importations seront autorisées en 2022, elles seront réduites aux seuls besoins urgents du marché, à commencer par les administrations et les établissements publics dont le parc automobile vieillissant a besoin d'un renouvellement immédiat. Dans le même contexte, le ministre n'a pas fourni d'indication sur les clauses concernées par la révision des cahiers des charges n°20-227 du 19 août 2020 et n°21-175 du 3 mai 2021, laissant ainsi les opérateurs naviguer à vue, au moment où leurs activités se rétrécissent comme peau de chagrin. Il convient de rappeler que le président Tebboune avait ordonné, le 5 décembre 2021 en Conseil des ministres, la révision immédiate du cahier des conditions d'importation des véhicules. Deux jours plus tard, le directeur des ressources humaines et des affaires juridiques au ministère de l'Industrie, Bachir Kechroud, déclarait sur le plateau d'une télévision privée que le nouveau cahier des charges relatif à l'importation des véhicules serait prêt "avant la fin du mois de mars 2022". Le surlendemain, M. Zeghdar emboîtait le pas au chef de l'Etat en affirmant qu'un décret serait publié avant la fin du mois de janvier, annonçant l'installation d'un comité interministériel pour étudier les dossiers dans des délais très brefs. Il faut aussi rappeler que l'Algérie a suspendu l'importation des véhicules neufs en 2017, pour contraindre les concessionnaires automobiles à investir dans l'assemblage de voitures en CKD/SKD. Mais, deux ans plus tard, cette politique a vite montré ses limites et a fini par être abandonnée, en 2019, avec l'ouverture d'une série de procès à l'encontre des propriétaires d'usines de montage et leur condamnation.