L'Algérie n'a jamais été aussi riche. Pour autant cette embellie financière ne profite souvent pas au citoyen. Les députés l'ont relevé, la situation sociale est “critique”, voire à “haut risque”, rappelant que les salaires sont toujours gelés. La gestion du fonds de régulation des recettes, le budget 2006, les réserves de change et le prix de référence adopté dans le projet de loi de finances 2006 ont été les principaux sujets abordés par Mourad Medelci, ministre des Finances, jeudi dernier, à l'Assemblée populaire nationale. Le ministre a indiqué que “le fonds de régulation des recettes a récolté 2 551 milliards de DA durant la période 2000 à fin octobre 2005, dont 1 047 milliards de DA sont consacrés au remboursement de la dette”. Les recettes du fonds de régulation s'élèvent, selon M. Medelci, à 1 504 milliards de DA à fin octobre 2005 contre respectivement 700 et 320 milliards de DA en 2004 et 2003. L'argentier du pays a relevé, par ailleurs, que “les réserves de change ont atteint aujourd'hui 55 milliards de dollars contre 43 milliards de dollars à fin décembre 2004”. Ces réserves sont gérées, explique-t-il, par la Banque d'Algérie. Le ministre précise que “1/3 de ces réserves sont consacrées aux besoins de Sonatrach en termes d'investissement et 2/3 vont au Trésor public”. Concernant le choix de 19 dollars/baril comme prix de référence dans le calcul du projet du budget 2006, le ministre affirme que “c'est un choix politique”, qui “rejoint les références budgétaires de tous les pays exportateurs de pétrole, établissant leur budget sur un prix de référence allant de 15 à 22 dollars/baril, et l'Algérie a choisi le juste milieu, soit 19 dollars/baril”. Pour M. Medelci, “le prix de référence 19 dollars/baril n'est pas sacré mais justifié”. Le ministre précise que les dépenses sont calculées sur la base de 43 dollars le baril. Le volume des investissements directs étrangers déclarés au niveau de l'Agence nationale de développement de l'investissement (Andi) est évalué, selon le ministre, à 250 milliards de DA pour un total de 169 projets susceptibles de créer 11 000 emplois au premier semestre 2005. Il a soutenu que “l'Etat a consacré 240 milliards de DA pour 44 wilayas dans le cadre du programme complémentaire 2003 et 2004 et dégagera une enveloppe de 200 milliards de DA afin de financer le programme de développement du Sud annoncé par le président de la République en juin dernier dont 10 milliards de DA pour alimenter les wilayas du Sud en gaz naturel”. L'Etat prévoit également de consacrer une enveloppe de 200 milliards de DA pour le développement des Hauts-Plateaux. Le taux d'exécution du budget d'équipement se situe autour de 86% en 2004, soutiendra-t-il. Ce budget a servi notamment à la réalisation de 2 960 km de routes, la construction de 2 055 classes, 114 établissements scolaires et 59 lycées en 2004. En 2005, le taux d'exécution des recettes est estimé, selon M. Medelci, à 75% alors que celui des dépenses est de 40%, sans donner plus de précisions sur la réalisation du budget 2005. Il a précisé que “nous sommes en train de moderniser la gestion du budget, notamment le mode de dotation par département ministériel et le mode de paiement des entrepreneurs qui réalisent les projets publics”. Et d'ajouter : “Nous serons jugés sur la base de ce qui a été réalisé, pas sur la base de ce qui a été consommé.” La modernisation du système de gestion du budget facilitera davantage la présentation d'une loi de règlement budgétaire. Le budget de l'Etat 2006 prévoit 40 milliards de DA pour les œuvres universitaires, soit une hausse de 8,7% comparativement à l'année 2005, et a consacré une enveloppe de 19 milliards de DA pour la recherche scientifique durant la période 2000-2004. L'Etat consacre 10% pour le développement des ressources humaines, affirmera-t-il. Le ministre proposera la tenue d'une séance spéciale avec la commission finances et budget de l'APN sur la réforme du secteur financier et bancaire. Ce dossier a enregistré, selon lui, des avancées considérables, notamment l'amélioration du système de gestion des banques publiques et la mise en place du système de paiement électronique en 2006. Faïçal Medjahed