Les débats sur le projet de loi de finances pour 2006 se sont clos hier en fin d'après-midi après l'intervention des chefs de groupes parlementaires. Ces derniers étaient unanimes à interpeller le ministre des Finances sur la nécessité d'améliorer le pouvoir d'achat des citoyens et bien que le projet de la loi de finances pour 2006 ne prévoit aucune éventuelle hausse des salaires « au moment où le pays passe par une embellie financière jamais égalée », notent-ils. Pour la représentante du groupe parlementaire du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, « la situation sociale est alarmante et la politique appliquée par l'Exécutif dans ce domaine ressemble énormément à celle qui a provoqué les derniers événements en France ». Fidèle à sa logique contestant toute ingérence de la part des institutions financières internationales, la présidente du PT dira que le gel des salaires, décidé sur instruction du Fonds monétaire international (FMI), selon elle, la création d'un Fonds de régulation des recettes ne servant pas trop à régler les problèmes sociaux et le recours à un prix de référence de 19 dollars le baril de pétrole pour l'élaboration de la loi de finances constituent un « réel danger pour la nation » et risquent de conduire le pays à retomber encore une fois dans les griffes du FMI. Intervenant au nom du groupe parlementaire du RND, Miloud Chorfi a relevé d'abord les points positifs contenus dans le projet de loi de finances pour 2006, notamment ceux en rapport avec « les efforts consentis pour soutenir l'investissement public et la croissance économique jusqu'à 2009 ». Il n'en demeure pas moins que des mesures supplémentaires ont été proposées par le groupe, particulièrement dans le domaine bancaire. Le RND invite, à cet effet, le gouvernement à « renforcer son contrôle sur les banques et les institutions financières », « moderniser le système de fonctionnement des opérations bancaires et du système de paiement », « améliorer les relations financières entre les banques » et à poursuivre ses efforts afin de « redynamiser la Bourse d'Algérie ». Sur le plan social, le groupe parlementaire du RND souhaite enfin que le gouvernement « cible de manière plus précise les couches sociales les plus vulnérables pour rendre la politique de protection sociale de l'Etat plus efficace ». Plus critique envers le gouvernement que son collègue du RND, le président du groupe parlementaire d'El Islah n'a pas manqué, quant à lui, de rappeler au ministre des Finances que le bilan financier de l'année en cours n'a pas été présenté aux députés, comme il a été promis. Et d'enchaîner, comme attendu, sur la question de l'importation des vins, dont l'interdiction a été levée, rappelons-le, en vertu de la loi de finances complémentaire de 2005. Tout en s'interrogeant sur les raisons ayant conduit le gouvernement à prendre une telle mesure, El Islah a invité l'Exécutif à reconduire cette interdiction et à lever par là-même celle qui frappe depuis septembre dernier l'importation des véhicules de moins de trois ans. Le représentant du groupe parlementaire du même parti abordera également la question du prix référentiel du baril de pétrole de 19 dollars en notant que les explications du ministre en charge du secteur « demeurent peu convaincantes ». Le président du groupe parlementaire du FLN, Layachi Daadoua, a demandé, à son tour, au ministre des Finances de plus amples explications sur le prix de référence de 19 dollars le baril de pétrole, sur le Fonds d'aide consacré au Sud et aux Hauts Plateaux, sur la banque El Khalifa ainsi que sur les derniers scandales financiers révélés par la presse. Notons enfin que les membres du gouvernement interviendront aujourd'hui et auront pour tâche de convaincre les représentants du pouvoir législatif de la justesse des prévisions budgétaires contenues dans le projet de loi de finances pour 2006.