Le chef de l'Etat a évoqué, lors de sa rencontre avec des journalistes, la possibilité de recourir à des emprunts extérieurs auprès des institutions financières régionales, pour financer les projets d'infrastructures. En revanche, il a écarté toute éventualité d'un endettement auprès du FMI.Endettement extérieur, c'est désormais possible ! À la condition qu'il soit canalisé vers des investissements structurants et à haute viabilité économique. C'est du moins ce qu'a suggéré le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, mardi soir, lors de son entrevue périodique avec les représentants des médias nationaux. En effet, le chef de l'Etat a évoqué la possibilité de recourir à l'endettement pour financer les projets rentables économiquement comme les voies ferrées, les ports et les barrages. Il dit favoriser "les activités créatrices de richesses et l'exploitation des ressources nationales à l'image du fer, du phosphate et de l'hydrogène, en sus de l'agriculture" afin d'affranchir l'économie de sa dépendance chronique des hydrocarbures. "Nous n'allons pas lier notre avenir aux cours du pétrole", a affirmé le président Tebboune, soulignant, sur sa lancée, que "la flambée actuelle des prix du pétrole obéit plutôt à des facteurs conjoncturels". Le chef de l'état a maintes fois assuré qu'un endettement auprès des institutions de Bretton Woods n'était pas envisageable, y voyant "un suicide politique". "Le Fonds monétaire international agit comme s'il préparait le terrain à l'endettement. Nous n'opterons jamais pour ce choix, c'est impensable. Nous ne mènerons pas le pays vers un suicide politique", avait déclaré le président Tebboune lors d'une précédente interview accordée aux médias nationaux, datée d'octobre dernier. En revanche, la piste de l'endettement auprès des institutions financières régionales, à l'image de la BAD, de la BID et de la BEI, n'a pas été écartée, celle-ci figurant même dans le texte de la loi de finances 2020. En effet, parmi les mesures phare contenues dans la loi budgétaire de 2020 figure la possibilité pour l'Etat algérien de recourir de manière sélective à des emprunts auprès d'institutions financières internationales et régionales pour le financement de projets stratégiques, structurants et ciblés suivant des critères prédéfinis. "Nonobstant toutes dispositions contraires, le financement de projets stratégiques et structurants pour l'économie nationale, auprès des institutions financières internationales de développement, est autorisé après avis des autorités compétentes", stipule l'article 108 de la LF 2020. Pour rappel, l'article 55 de la loi de finances pour 2016 autorisait déjà les entreprises de droit algérien à recourir aux financements extérieurs, au cas par cas, pour la réalisation d'investissements stratégiques en Algérie. La piste a été explorée avec la Banque africaine de développement auprès de laquelle l'Algérie s'était endettée, en 2016, à hauteur de 900 millions de dollars. "Ce prêt, sous forme d'appui budgétaire, fournit au gouvernement les ressources nécessaires pour pallier la baisse de ses recettes, conséquence de la chute drastique des cours du pétrole", avait indiqué la BAD dans un communiqué. La stratégie de l'Exécutif consistait à éviter au pays une exposition aux institutions de Bretton Woods, le FMI et la Banque mondiale en l'occurrence, privilégiant le recours à des prêts négociés auprès des institutions financières régionales. Quoi qu'il en soit, une dette extérieure bien négociée auprès des institutions financières régionales serait mieux qu'une planche à billets dont les conséquences sur les équilibres budgétaires et extérieurs pourraient être incontrôlables. À la condition que l'endettement extérieur soit destiné à des projets économiquement viables permettant d'amortir, à terme, la dette et ses conditions.