Le président russe Vladimir Poutine, qui a fermé l'espace aérien russe, a annoncé jeudi une opération militaire en Ukraine au milieu de vives protestations à l'ONU, à l'Otan, et dans certaines capitales occidentales. Peu après cette déclaration surprise du maître du Kremlin, au moins deux puissantes explosions ont été entendues à Kiev, dans le centre-ville, et d'autres à Kramatorsk, dans l'est, et à Odessa, sur la mer Noire. Le président américain Joe Biden a aussitôt dénoncé une "attaque injustifiée" qui provoquera "des souffrances et pertes de vies humaines". "Le monde exigera des comptes à la Russie", a-t-il promis. Le chef de l'Otan Jens Stoltenberg a condamné une "attaque téméraire et non provoquée" par la Russie. Et à l'ONU, l'Ukraine a demandé à la Russie de "mettre un terme à la guerre", tandis que la France dénonçait le "mépris" de la Russie à l'égard des Nations unies. "J'ai pris la décision d'une opération militaire spéciale", a annoncé à l'aube M. Poutine dans une déclaration surprise à la télévision, sans préciser si cette intervention se limiterait à l'est de l'Ukraine ou bien si elle serait plus large. "Nous nous efforcerons d'arriver à une démilitarisation et une dénazification de l'Ukraine", a dit le maître du Kremlin assis à un bureau en bois sombre, promettant de conduire "au tribunal ceux qui ont commis de nombreux crimes, responsables de l'effusion de sang de civils, notamment des citoyens russes". "Nous n'avons pas dans nos plans une occupation des territoires ukrainiens, nous ne comptons imposer rien par la force à personne", a-t-il assuré, appelant les militaires ukrainiens "à déposer les armes". Puis, il s'est adressé à ceux "qui tenteraient d'interférer avec nous (...) ils doivent savoir que la réponse de la Russie sera immédiate et conduira à des conséquences que vous n'avez encore jamais connues". Quelques heures plus tôt, le Kremlin avait annoncé que les responsables des "républiques" séparatistes prorusses autoproclamées dans l'est de l'Ukraine avaient demandé l'"aide" de Vladimir Poutine pour "repousser l'agression" ukrainienne. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est adressé mercredi directement à Vladimir Poutine, depuis le Conseil de sécurité de l'ONU, pour l'adjurer d'"empêcher (ses) troupes d'attaquer l'Ukraine" s'il est confirmé "qu'une opération est en cours de préparation" en ce sens. "Ce conflit doit s'arrêter maintenant", a réclamé le chef de l'ONU. Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a de son côté condamné jeudi l'"attaque téméraire et non provoquée" de la Russie contre l'Ukraine, avertissant qu'elle mettait en péril d'"innombrables" vies.