Les ministres européens de la Défense doivent se réunir mardi à Bruxelles, au lendemain de nouvelles sanctions contre la Russie et en plein regain de tension de l'Occident avec Moscou sur la crise ukrainienne. Cette réunion intervient au lendemain de la décision de l'UE d'élargir la liste des personnes sanctionnées pour leur implication dans le conflit en Ukraine. Les sanctions, qui seront appliquées "d'ici la fin du mois", viseront des séparatistes pro-russes de l'est du pays, ont indiqué les ministres européens des Affaires étrangères à l'issue d'une réunion à Bruxelles. A ce jour, 119 personnes --des séparatistes mais aussi des Russes (politiques, oligarques et proches du président Vladimir Poutine)-- sont visées par un gel de leurs avoirs et une interdiction de visa pour l'UE. La réunion des 28 ministres de la Défense se déroulera en présence du secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, qui a salué lundi les sanctions de l'UE depuis le début du conflit. Un peu plus tôt, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Pavlo Klimkine, présent à Bruxelles, avait appelé l'UE à adresser "un message clair envers Moscou disant que toute nouvelle déstabilisation en Ukraine déclenchera des mesures supplémentaires de l'UE". Il avait plaidé pour des sanctions "robustes". Relancer le dialogue avec Moscou L'UE a déjà lourdement sanctionné la Russie pour son implication dans le conflit, interdisant notamment à des banques et entreprises du secteur de la défense et du pétrole de se financer en Europe. Ces mesures ont été prises en juillet et septembre derniers. Mais l'Union n'envisage pas pour le moment de durcir ses sanctions économiques. Les Européens préfèrent tendre la main au président russe afin de le ramener à la table des négociations. "Les sanctions ne sont pas un objectif en soi", a expliqué la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, qui préfère "relancer le dialogue avec la Russie vu que la Russie fait partie du problème, mais aussi de la solution". Elle se rendra bientôt à Kiev et plusieurs ministres lui ont demandé d'aller rencontrer M. Poutine. Respecter la trêve conclue Quelques heures avant le début de la réunion de Bruxelles, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé que la Russie espérait que ses relations avec l'Union européenne n'avaient pas atteint un point de "non-retour" du fait de la crise ukrainienne. Moscou est "intéressé par le développement des liens" avec l'Europe, a souligné le ministre lors d'une réunion de diplomates russes et bélarusses à Minsk, la capitale du Bélarus, avant des discussions prévues ce mardi à Moscou avec son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier. M. Lavrov a également à nouveau pressé les autorités ukrainiennes de "respecter" la trêve conclue en septembre avec les séparatistes prorusses du sud-est de l'Ukraine et de s'engager dans des négociations avec les rebelles pour mettre fin au conflit qui a fait plus de 4.000 morts. "Au lieu d'établir des contacts (avec les séparatistes) Kiev s'est engagé dans une politique d'asphyxie économique et sociale du sud-est" de l'Ukraine aux mains des rebelles, a-t-il accusé avant d'ajouter: "J'espère que nos collègues occidentaux, qui ont une influence sur Kiev, réalisent le danger". Combats intenses Sur le terrain, la trêve est quotidiennement violée par les parties en conflit: Six soldats ukrainiens ont été tués et huit blessés dans l'est séparatiste prorusse de l'Ukraine ces dernières 24 heures, selon l'état-major de l'opération ukrainienne dans l'Est. Depuis quelques semaines, les combats ont redoublé d'intensité dans l'Est séparatiste, et Kiev accuse la Russie d'envoyer des troupes de combat et du matériel militaire en renfort aux séparatistes, ce que l'Otan et l'OSCE ont confirmé. Mais Moscou dément catégoriquement. Le ministère russe des Affaires étrangères russe a accusé l'Otan de faire circuler des "élucubrations" à ce sujet. "Malheureusement, l'Alliance ne cherche pas à parler de manière constructive des problèmes graves et préfère attiser les sentiments antirusses pour justifier ses projets (...) qui visent à renforcer la présence militaire de l'Otan près des frontières russes", a-t-il accusé. Le président Poutine a pour sa part affirmé que les séparatistes tenant les bastions de Donetsk et Lougansk se procurent des armes par eux-mêmes. "Les gens qui mènent une lutte et qui jugent cette lutte légitime (...) trouveront toujours des armes", a-t-il dit récemment dans une interview à la chaîne de télévision allemande ARD.