Une médiation franco-allemande a été proposée par Berlin pour "éviter une crise grave" entre l'Ukraine et la Russie, éclatée depuis dimanche dans leur pire bras de fer depuis plusieurs années à la suite de l'arraisonnement, en mer d'Azov, par les Russes de trois bateaux militaires ukrainiens avec 24 marins à bord. Ainsi, Berlin a suggéré une médiation franco-allemande pour "éviter une crise grave", selon le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, qui s'exprimait lundi à Madrid, précisant qu'à l'occasion d'une réunion prévue de longue date pour lundi prochain à Berlin avec la Russie et l'Ukraine, la France et l'Allemagne allaient "s'efforcer ensemble, et au besoin en tant que médiateurs, d'éviter que ce conflit ne débouche sur une crise grave". M. Mass, a qualifié les tensions autour de la Crimée et dans l'est de l'Ukraine de "danger pour la sécurité de l'Europe", déclarant que "nous allons tous deux nous engager pour arriver enfin à une solution politique que nous aurions dû trouver depuis longtemps". L'Allemagne avait auparavant demandé la restitution des navires et la remise en liberté des marins capturés, qualifiant d'"inacceptable" le blocage de cette voie maritime détroit de Kertch. La France a également demandé la libération des marins et la restitution des navires retenus. "Rien ne paraît justifier cet emploi de la force par la Russie", a déclaré un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. En réaction à cette décision, le président russe Vladimir Poutine a fait part, le lendemain via un communiqué du Kremlin, à la chancelière allemande Angela Merkel d'une "sérieuse préoccupation" de Moscou, lui demandant lors d'un entretien téléphonique, de dissuader Kiev de tout acte "irréfléchi". Poutine, selon le document du Kremlin, a également dit "espérer que Berlin pourra influencer les autorités ukrainiennes afin de les dissuader des actes ultérieurs irréfléchis". Toutefois, le porte-parole du district militaire russe du Sud, Vadim Astafiev, a annoncé mercredi, qu'un nouveau système de missiles sol-air S-400 va être déployé dans un avenir proche" en Crimée "pour protéger l'espace aérien de la Fédération de Russie". La veille, le président ukrainien Petro Porochenko, qui intervenait, devant trois télévisions ukrainiennes a affirmé que la Russie "a drastiquement renforcé sa présence militaire à la frontière ukrainienne", sans préciser la période. En effet, Berlin, Bruxelles et New York ont multiplié leurs réunions diplomatiques, selon des médias, pour éviter une "escalade militaire" entre la Russie et l'Ukraine. Dans le contexte de cette forte tension, l'Ukraine a annoncé lundi soir l'introduction de la loi martiale dans ses régions frontalières pour 30 jours, alors que la campagne pour l'élection présidentielle de mars doit commencer le 31 décembre. Dimanche, la marine ukrainienne a déclaré que les forces russes ont ouvert le feu et arraisonné trois navires ukrainiens près du détroit de Kertch, qui relie la mer Noire et la mer d'Azov, et ont blessé six marins de l'armée ukrainienne. Pour la version du service fédéral de sécurité de Russie, "les navires ukrainiens avaient franchi la frontière russe et procédé à des manœuvres dangereuses en dépit des ordres donnés par la Russie". Appels à "la retenue et au dialogue" Réagissant à cet incident, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé l'Ukraine et la Russie à "une retenue maximale" et à prendre des mesures au plus vite "pour réduire les tensions" dans le détroit de Kertch en accord avec la charte des Nations unies. Pour sa part, le président en exercice de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Enzo Moavero Milanesi, a appelé dans la même journée, "à la retenue et au dialogue". Quant à lui, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg qui a convoqué une "réunion extraordinaire" avec l'Ukraine lundi à Bruxelles, s'est entretenu avec le président ukrainien lundi de "la situation", exprimant "le plein soutien de l'Otan à l'intégrité territoriale et à la souveraineté de l'Ukraine, y compris ses pleins droits de navigation dans ses eaux territoriales en vertu du droit international". L'Union Européenne (UE) a de son côté, appelé la Russie à "restaurer la liberté de passage dans le détroit de Kertch" et a exhorté "toutes les parties à agir avec le maximum de retenue afin d'aboutir à une désescalade immédiate de la situation". Le président bulgare Roumen Radev, estime que les deux parties "doivent faire preuve de retenue et désamorcer le plus rapidement possible" les tensions au moyen de dialogues et sans recours à la force, redoutant en tant que pays voisins dans cette région, "une autre escalade des tensions", tandis que son homologue polonais, Andrzej Duda a indiqué que "le retour à la normale dans la mer d'Azov est primordial". De son côté, la Turquie a exprimé, via son ministère des Affaires étrangères, son "inquiétude" face aux tensions entre Moscou et Kiev...", appelant à éviter l'escalade entre les deux pays.