Malgré l'incertitude sur la concrétisation des projets déjà engagés avec le Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), en partenariat avec d'autres institutions, Karim Ould Oulhadj ne baisse pas les bras et continue sur le chemin de l'innovation en faveur de la langue amazighe. Liberté : Vous êtes l'initiateur du clavier "Azul" et de la plateforme e-tamazight. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces deux projets ? Karim Ould Oulhadj : En 2015, nous avons lancé avec le Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA) l'application "Azul" pour l'apprentissage de tamazight sur la plateforme Android qui est disponible à ce jour sur Playstore. Une année après, nous avons proposé le clavier "Azul", matériel et application, pour faciliter la transcription de tamazight en caractères latins et en tifinagh, dont un prototype a été produit en Californie (Etats-Unis). En 2017, le HCA nous a sollicités pour proposer un autre projet dans les nouvelles technologies de l'information et de la communication (Ntic), pour la promotion de tamazight, pour un éventuel financement par le Fonds d'appropriation des usages et du développement des technologies de l'information et de la communication (Faudtic). Nous avons donc proposé une plateforme d'enseignement de tamazight à distance, baptisée e-tamazight. Elle a été acceptée et même présentée au public, à l'occasion du 20 avril 2017. Je dirais qu'elle est l'une des premières dans l'histoire de tamazight en Algérie. Par la suite, plusieurs réunions ont été tenues avec les responsables du HCA et de l'Agence nationale de promotion et de développement des parcs technologiques (ANPT) mais, à ce jour, aucune suite ne nous a été communiquée. Pourtant, les deux projets avaient eu un écho favorable des autorités et surtout appuyés par le HCA ? Pour le clavier "Azul", et depuis la rencontre de Tamanrasset le 21 février 2018 organisée par le HCA à l'occasion de la Journée mondiale de la langue maternelle, nous attendons le compte-rendu de la commission pour la validation du prototype proposé et surtout le choix des caractères et la disposition des touches du clavier. Pour le e-tamazight, je dirais plutôt que le projet est gelé pour des raisons que personnellement j'ignore, surtout que nous étions informés que le protocole du financement a été signé en janvier 2019 et nous devions commencer notre travail juste après, selon le calendrier technique remis dans notre présentation. Qu'est-ce qui dérange, selon vous ? Je ne vois aucun point dans tous nos projets qui peut déranger. Nous sommes sur une dynamique de concepts innovateurs et originaux pour une meilleure promotion de notre langue et de notre culture tout en respectant ce qui est recommandé par les institutions compétentes. Avez-vous relancé depuis ? Evidemment. C'est plus qu'un devoir pour moi de demander des nouvelles de mes projets, surtout qu'ils sont officiels et qu'ils ont pris une dimension publique, comme tout le monde le sait, en vain. Comment vivez-vous ces blocages en tant que jeune innovateur ? Le slogan de mon entreprise est composé de trois mots : ambition, innovation et créativité. J'ai le droit de voir le fruit de mes projets, mais surtout de voir que mes sacrifices aboutissent à des résultats positifs, quand bien même moi, j'ai choisi de rester en Algérie pour servir tout ce qui est cher pour moi et travailler les causes nobles avec beaucoup de convictions et d'amour. Des projets futurs ? Nous travaillons sur l'intégration et l'utilisation des Ntic au profit de tamazight et sommes sur un projet d'encadrement et de formation des étudiants qui veulent travailler sur la langue. Une langue vivante est une langue qui se développe, et elle doit être travaillée par des spécialistes de tous les domaines. La recherche informatique peut faire gagner à tamazight des années d'avancement et récupérer le manque et le retard existants. Un projet médiatique pour généraliser l'utilisation et la production en tamazight est déjà lancé, en attendant son développement à grande échelle. En dehors de tamazight, nous sommes sur un projet de e-commerce, e-paiement en Algérie. Avec l'actualité de ces jours, le rêve nous est permis : voir se réaliser nos projets numériques et ce, pour une e-Algérie meilleure.