Des manifestations ont éclaté, hier, après l'enterrement du jeune, tué par un agent des services de sécurité. Des édifices publics ont été incendiés. Quarante personnes ont été interpellées. Ils étaient des milliers à accompagner hier le jeune Rougat Mustapha, âgé de 25 ans, à sa dernière demeure. À 14h, le cimetière Sebaâ fi Gouba, situé à Ksar Ezzine, dans la banlieue-est de Laghouat, des dizaines d'éléments des forces antiémeutes qui quadrillaient les lieux s'agitaient déjà pendant la lecture de la “Fatiha”, alors que des éléments de l'ANP contrôlaient la RN1. À Maâmoura, Chetit et au centre-ville, des centaines de jeunes étaient consternés par l'assassinat du jeune Mustapha, tué devant son domicile jeudi après-midi par un élément des forces antiémeutes de Ghardaïa accompagné d'un de ses collègues. Aucune autre indication n'a été donnée sur les circonstances exactes de ce drame. Selon des témoignages, le jeune Mustapha, connu pour être un salafiste, n'avait pas apprécié que sa voisine soit harcelée par un agent des services de sécurité. Après une altercation, le policier lui tire une balle à bout portant avant de prendre la fuite avec son collègue. Selon nos informations, ils ont été arrêtés tous les deux quelques heures plus tard. Les Laghouatis, sous le choc depuis jeudi, avaient décidé d'organiser des marches de protestation. Hier, c'était l'occasion d'exprimer toute la révolte d'une population qui en a marre des bavures policières, faisant des victimes au sein d'une population qui a déjà souffert des violences terroristes. Ainsi, en regagnant la ville après l'enterrement du jeune Mustapha, des centaines de citoyens ont occupé le centre-ville et les quartiers limitrophes, le siège de la wilaya, la banque centrale, le CPA, le tribunal. Les manifestants en effervescence ont vainement voulu saccager ces sites bien qu'ils aient réussi à mettre le feu au siège de la sûreté urbaine du quartier Chetit. Les forces antiémeutes usant de bombes lacrymogènes n'ont pu disperser les foules immenses. Les forces de l'ordre avaient procédé à l'arrestation d'une quarantaine de personnes, selon des sources locales, pendant que de violents affrontements secouaient les différents quartiers de la ville. La commission de sécurité présidée par le wali était toujours en réunion à 18h. Aucun bilan n'a été établi jusqu'à cette heure alors. Plusieurs membres de l'APW de Laghouat sillonnaient les rues de la ville afin de calmer les esprits surchauffés des contestataires. Lotfi G.