Un climat de tension a envahi la ville, où l'on signalait hier après-midi de nombreuses escarmouches entre les jeunes et les brigades antiémeutes. Laghouat donnait l'image d'une ville qui a retrouvé le calme dans la matinée d'hier. Les artères principales de la ville étaient soigneusement nettoyées très tôt le matin par les services de l'APC. Quelques heures après, à 11h45 précisément, la violence a gagné le terrain de nouveau, confirmant ainsi les rumeurs qui ont circulé pendant toute la nuit …. Les quartiers Magtaâ, El-m'kam, Maâmoura ont été secoués par de violents affrontements entre des dizaines de jeunes et les forces antiémeutes qui se sont déployées, au moment où les commerces, les banques, les administrations baissaient rideau… Même les établissements scolaires ont été contraints de libérer les élèves. Les manifestants ont de nouveau investi les rues de la ville pour exprimer leur désarroi suite à la disparition tragique du jeune Rougab Mustapha, âgé de 30 ans, tué par un élément des services de sécurité, jeudi passé, à côté de son domicile dans la banlieue sud de la ville. Un climat de tension a envahi toute la ville, et ce, durant toute la journée. Plusieurs rues ont été bloquées, la plupart des habitants ont préféré rester chez eux pendant que les jets de pierres s'abattaient sur les forces antiémeutes visiblement dépassées par l'effervescence des jeunes. Aux services des urgences de l'hôpital, les blessés, en majorité des éléments des forces de l'ordre, continuaient à recevoir les premiers soins. Le directeur de la santé de la wilaya de Laghouat, que nous avons rencontré sur place, a refusé de donner le moindre chiffre sur le nombre de personnes blessées. le chef de sûreté de la wilaya tout comme les autres membres de la commission de sécurité présidée par le wali ont fait appel aux élus de l'APC et de l'APW pour une campagne d'apaisement à travers plusieurs quartiers de la ville. Laghouat était en alerte hier… les autorités locales n'ont pas encore établi un bilan. Par ailleurs, plusieurs commerces ont été pillés par des délinquants qui ont profité de la situation d'insécurité. À 17h, la violence a gagné la cité des 600-logements, alors que des escarmouches étaient signalées un peu partout dans la ville. Notons que le quartier Chetit a été le plus touché par les émeutes, le siège de la sûreté urbaine qui s'y trouve a été incendié. Douleur et consternation chez les Rogab Ils étaient tous là. Sa famille, ses proches, ses amis et tous ceux qu'il l'ont connu. Il a fallu dresser une tente de fortune à quelques mètres de la maison des Rougab pour accueillir les centaines de laghouatis venus présenter les condoléances à la famille du jeune Mustapha. Le père, âgé de 72 ans, était abattu ; les yeux enflés, le visage livide, il arrivait difficilement à saluer les visiteurs qui n'arrêtaient pas de défiler. Selon les témoignages recueillis sur place, Mustapha, jeûnait ce jour-là ; vers 15h, il avait pris sa moto pour regagner le café Mon Ami situé au centre-ville en face du siège de l'APC, où il vendait des cacahuètes. en quittant la maison, il aperçut un policier en compagnie d'une jeune fille qui se dirigeait vers une maison abandonnée. Mustapha invita l'agent à quitter les lieux. Après une courte altercation, ce dernier rebroussa chemin, puis coinça Mustapha dans un coin à côté de la cité universitaire des filles. Il le tint violemment par le cou puis lui tira deux balles dans la tête. les agents de sécurité de la cité U affolés arrêteront le policier avant de le désarmer. Le corps de Mustapha gisant dans une mare de sang fut évacué vers l'hôpital de Laghouat, puis vers l'hôpital de Ghardaïa où le jeune a rendu l'âme samedi. Le wali de Laghouat s'est déplacé le soir même chez les Rogab en compagnie des autorités civiles et militaires. LOTFI G.