"Afin de renouveler mon contrat au MCA qui a pris fin en janvier 2022, on m'a demandé de verser l'équivalent d'un mois de salaire (pot-de-vin). C'est grave, c'est un délit, et évidemment je n'ai pas accepté, alors que d'autres joueurs l'ont fait car ils n'ont pas de personnalité", accuse-t-il. Trois jours après la divulgation par Liberté d'informations faisant état d'irrégularités dans sa gestion financière et de la volonté de l'actionnaire majoritaire (et non pas sponsor majeur) Sonatrach de débusquer de son poste l'actuel président du MCA, Amar Brahmia, un ex-joueur du Mouloudia vient de lancer un véritable pavé dans la mare. En effet, Mehdi Benaldjia, invité de la chaîne El Heddaf TV dimanche soir, a fait une révélation fracassante, affirmant ouvertement avoir fait l'objet d'une tentative d'extorsion de fonds. "Afin de renouveler mon contrat au MCA qui a pris fin en janvier 2022, on m'a demandé de verser l'équivalent d'un mois de salaire (pot-de-vin). C'est grave, c'est un délit, et évidemment je n'ai pas accepté, alors que d'autres joueurs l'ont fait car ils n'ont pas de personnalité", martèle-t-il, précisant qu'il a les preuves de ses accusations, mais évitant toutefois de citer les noms de ses interlocuteurs de la direction du MCA. Il est clair que ce genre d'accusation enfonce Brahmia, bien qu'il n'ait pas dit que la personne visée par Benaldjia soit spécialement lui. Cette affaire devrait cependant amener logiquement Sonatrach à ouvrir une enquête. Il faut savoir en effet que dans la loi "l'extorsion de fonds est un délit intentionnel. L'élément intentionnel est caractérisé par la conscience d'obtenir par la force, la violence ou la contrainte ce qui n'aurait pu être obtenu par un accord librement consenti". Signataire à l'O Médéa, Benaldjia n'est toujours pas qualifié en raison du contentieux du club au niveau de la CNRL (interdiction de recrutement). Samedi, Liberté révélait déjà que l'actionnaire majoritaire, Sonatrach, qui l'a nommé à ce poste en avril 2021, soit moins d'une année, a décidé de le faire remplacer à l'occasion de l'assemblée générale des actionnaires, dont la date sera fixée le 20 mars à l'occasion de la réunion du conseil d'administration. Les enquêteurs de Sonatrach auraient découvert des virements suspects (documents à l'appui) effectués par certains joueurs du MCA au profit du clan Brahmia. Ce sont des joueurs qui auraient payé pour garder leur place dans l'équipe ou encore pour signer au Mouloudia, ce qui conforte en fait les propos de Mehdi Benaldjia. Sonatrach reproche également à Brahmia la dette colossale du MCA auprès de la CNRL suite à des contentieux perdus contre les ex-joueurs Toual, Harrag, Allati, Salhi, Bensaha et Lamara, alors qu'il aurait pu mieux négocier leur départ du MCA. Cette dette vient s'ajouter à celle de l'ancien attaquant Eva Wankewai Rooney, licencié sous le règne d'Abdenacer Almas. En avril 2021 la commission de la FIFA avait en effet donné gain de cause au joueur camerounais qui a plaidé le licenciement abusif et oblige le MCA à payer une indemnité de licenciement de 5,5 milliards de centimes. La direction du MCA a fait appel auprès du TAS de Lausanne. Dimanche, pour qualifier la nouvelle recrue, Abderaouf Benghit, le MCA a dû renoncer aux droits TV, preuve que la trésorerie est au plus mal. Pis encore, Brahmia a recruté Benghit tout en sachant qu'il est en litige avec l'ES Tunis et prend du coup le risque d'éventuelles sanctions de la FIFA, qui a accordé seulement une qualification provisoire au nouveau milieu de terrain mouloudéen. Si Benghit perd le contentieux, il risque quatre à six mois de suspension de la part de la FIFA, mais le MCA sera également sanctionné pour avoir été solidairement responsable de ce litige en le recrutant en connaissance de cause. "Je suis un homme de loi, je suis clean !" Le MCA risque une sanction d'interdiction de recrutement de deux périodes de mercato. Brahmia est également en conflit avec le milieu de terrain l'Ivoirien lsla Daoudi Diomande. Ce dernier, après avoir refusé lors du dernier jour du mercato hivernal (24 février) de rejoindre l'O Médéa à titre de prêt, a été écarté par Brahmia de l'équipe A et reversé dans l'équipe réserve. Isla, qui a déjà envoyé deux mises en demeure à la direction du club pour pression afin de l'amener à rompre unilatéralement son contrat, menace lui aussi de recourir à la FIFA. Présent au stade de Bologhine dimanche à l'occasion de la réception du RC Relizane ( 8-2), Amar Brahmia s'en est défendu. Il a nié toute implication dans ces affaires de corruption. "Je suis un homme de loi ; je ne peux pas être mêlé à des affaires de corruption ou d'enrichissement illicites. Je peux accepter toutes les critiques mais pas qu'on me mêle moi ou ma famille à ce genre d'affaire", rétorque-t-il. Et d'ajouter : "Quant à la volonté de Sonatrach de me remplacer, je dirais que je suis un employé du MCA, j'ai appliqué une politique de réduction des salaires comme demandé par Sonatrach, mais l'actionnaire majoritaire est libre de prendre la décision qui lui semble la bonne à l'occasion de la prochaine réunion de l'assemblée générale des actionnaires." À l'heure où nous mettons sous presse, ni Brahmia ni Sonatrach n'ont souhaité prendre la parole à ce sujet, en dépit de nos tentatives de les joindre hier. Sonatrach, qui a déjà effectué entre 2013 et 2019 deux audits qui ont révélé des irrégularités très graves, notamment sur le plan financier, ayant trait à des malversations manifestes, n'a toujours pas pris les mesures qui s'imposent, encore moins transmis les dossiers à la justice.