"Nous allons devoir tenter des trucs jamais fait auparavant", avait averti Belmadi, quelques jours après la déroute de la CAN. Réaliste à souhait, le coach national Djamel Belmadi a fait preuve d'un pragmatisme inéluctable à l'occasion du déplacement au Cameroun pour le compte du match aller des barrages qualificatifs au Mondial du Qatar. Apres la débâcle de la Coupe d'Afrique des nations, Belmadi, après mûre réflexion, a dérogé à ses valeurs tactiques basées sur un football chatoyant, ouvert à l'offensif et à la possession du ballon, optant finalement pour un catenaccio à l'italienne avec une défense renforcée avec trois défenseurs axiaux à savoir Bedrane, Belamri et Mandi, deux éléments de couloir mais très bons défensivement, Benayada et Bensbaïni, ainsi que deux milieux de terrain-sentinelle, Zerrouki et Benacer. En l'absence de Feghouli, le coach national n'a laissé que le trio Belaili, Mahrez et Slimani pour tenter de porter le danger dans le camp adverse. Du coup, Belmadi a non seulement surpris le coach camerounais Rigobert Song, qui ne s'attendait certainement pas à une telle attitude tactique, mais il a surtout déjoué son plan pour prendre l'avantage dès la première manche. "Nous allons devoir tenter des trucs jamais fait auparavant", avait pourtant averti Belmadi quelques jours après la déroute de la CAN. L'équipe algérienne, n'a certes pas produit un grand match, mais elle a réussi l'essentiel, c'est-à-dire bloquer l'adversaire sur son propre terrain, sous une chaleur de plomb et dans une humidité étouffante, et parvenir à inscrire un but qui va peser de l'or lors de la seconde manche. "Nous avons très bien analysé cette équipe camerounaise et nous avons préparé un plan pour la déjouer. Nous avons changé notre système de jeu pour venir chercher un résultat positif, ce qui a été fait. C'est le plus important", a confié Belmadi à son retour à Alger, hier matin, non sans mette exergue la discipline tactique et l'esprit de combativité dont ont fait preuve les joueurs algériens, sans laquelle le résultat n'aurait pas été probant. Rigobert Song estime de son côté que "l'Algérie a refusé de jouer avec son bloc défensif", oubliant que lui-même n'est pas parvenu à trouver des solutions pour déséquiper la muraille d'en face. À quelques différences près, c'est le même plan tactique adopté par l'entraineur de l'Egypte, Carlos Queiroz, lors de la demi-finale de la CAN, qui avait permis aux Pharaons de passer en finale grâce aux tirs aux buts. Avant Belmadi, Rabah Saadane et Vahid Halihodzic ont eu recours aussi à ce genre de verrou défensif pour sortir vainqueur de certains matchs pièges. Belmadi a appliqué à la lettre une formule bien connue dans le jargon footballistique, une finale ne se joue pas – allusion faite au beau jeu – mais se gagne, c'est-à-dire que seul le résultat compte. Reste à savoir maintenant si Belmadi va continuer à adopter le même schéma tactique lors du match retour face à une équipe camerounaise qui n'a plus d'autre choix que d'attaquer pour niveler la marque ou reviendra-t-il à son plan fétiche à savoir le 4-2 – 3-1 ? "Victoire importante, mais rien n'est encore fait. Déjà la tête au match retour", retorque sur Twitter, le Milanais Ismaël Benacer.