La Société algérienne d'oncologie thoracique (SAOT) organise à partir de demain une rencontre consacrée au médicament générique en oncologie thoracique. Cette rencontre de deux jours, qui se tiendra à la bibliothèque d'El-Hamma, a pour objectif de mieux cerner sa problématique dans la mesure où, en cancérologie thoracique, la plupart des médicaments sont déjà génériques, et que souvent les molécules nouvelles malgré ce qui se dit dans les médias, ne sont pas toujours, considérées dans les pays très avancés, comme étant plus performantes que les médicaments génériques. Un médicament générique est une copie stricte d'un médicament original, dont le brevet est tombé dans le domaine public. Il doit avoir la même teneur en principe actif et les mêmes effets que l'original, explique le Dr Soltane Ameur, président de la SAOT, et chirurgien à l'hôpital Mustapha à Alger. Dans certains pays, le coût du générique, à qualité égale, est de 30 à 50% moins élevé que celui du médicament princeps (original). De nombreux pays développés favorisent la consommation des génériques, pour tenter de maîtriser leurs dépenses de santé. “Il ne s'agit absolument pas d'un combat idéologique, ou politique, mais tout simplement d'un problème de gestion sociale du médicament”, estime le Dr Ameur. “Nous avons découvert que de grandes sociétés productrices de médicaments princeps présentes en Algérie avaient des filiales génériques, ou étaient en passe d'en acquérir, sans que cela ne se sache en Algérie”, révèle t-il. Selon lui, le recours aux génériques va engendrer des économies. En France, par exemple, le développement global des génériques, constitue un axe majeur du plan de redressement de l'assurance-maladie, auquel il est censé contribuer à hauteur de près d'un milliard d'euros en 2007. “Il est évident que le médicament générique n'est pas la baguette magique qui va régler tous les problèmes de santé en Algérie, mais la dépense globale en médicament étant de l'ordre du milliard de dollars, l'économie peut être très substantielle pour notre pays”, estime le praticien. Actuellement, l'on estime à environ 30 000 nouveaux cas de cancers diagnostiqués par an en Algérie, (dont deux à trois mille nouveaux cas de cancers bronchiques), responsable d'environ 20 000 décès par an, ce qui est important dans un pays où l'estimation du nombre total de décès est de 170 000 par an. L'augmentation entre 1986 et 2000 est estimée à 50%. En 2020, l'on estime que le nombre de cancers diagnostiqués par an sera de 60 000 cas, selon le Dr Ameur. “Bien qu'il reste beaucoup de choses à découvrir dans de nombreux domaines relatifs aux cancers, l'on disposerait de suffisamment d'informations scientifiques actuellement pour en prévenir au moins un tiers, et d'en dépister à temps et de soigner efficacement un autre tiers. Il existe également en 2005, des stratégies efficaces pour soulager la douleur et dispenser des soins palliatifs aux cancéreux qui en ont besoin, et pour apporter un soutien à leur famille même quand les ressources sont rares”, affirmait l'OMS en avril dernier dans son rapport sur la prévention et la lutte contre le cancer. Pour cela “il faut que le pays se dote d'un plan national cancer dans le but d'améliorer la prévention et éviter les cancers “évitables”, de généraliser les dépistages précoces de certains cancers fréquents, d'adapter les traitements aux patients”, affirme le Dr Ameur. Ce dernier considère toutefois qu'un plan national cancer doit être adapté aux spécificités épidémiologiques algériennes ainsi qu'aux moyens disponibles en Algérie. Ce plan doit aussi “être le fruit d'une démarche consensuelle impliquant, non seulement les professionnels de la santé, mais aussi la société civile à travers les associations de patients cancéreux, et les différentes institutions de l'Etat intervenant dans la prévention, le dépistage, le diagnostic précoce ou non, thérapeutique, et l'accompagnement des patients”, affirme le président de la SAOT. Une stratégie de lutte contre les cancers bronchiques, par exemple, devrait inclure nécessairement la lutte contre le tabagisme, donc les structures qui fabriquent le tabac en Algérie, les institutions qui luttent contre la contrebande de cigarettes (douanes), explique-t-il. Aux Etats-Unis, le plan cancer fut initié par le président Richard Nixon, alors qu'en France le plan national contre le cancer a été initié et actuellement appliqué sous l'autorité du président Jacques Chirac. Rafik B.