C'est un sommet largement amputé qui devait s'ouvrir, hier soir, à Barcelone, pour tenter de relancer le processus de coopération euroméditerranéen engagé il y a dix ans dans la capitale catalane. Hormis Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestienne, tous les autres chefs d'état arabes étaient absents. La question ne se posait pas pour le président de la République algérienne. Abdelaziz Bouteflika a été hospitalisé à Paris, quelques heures avant son déplacement à Paris. Il était remplacé par Abdelaziz Belkhadem, son représentant personnel qui tirait un bilan très mitigé du processus de Barcelone. Le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmad Abou Gheïth, a reconnu que l'absence des chefs d'état était nuisible au sommet même si elle, selon ses dires, était atténuée par la venue de chefs du gouvernement. En mai dernier pourtant, les 25 états membres de l'Union européenne et leurs dix partenaires méditerranéens (Turquie, Algérie, Autorité palestinienne, égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie et Tunisie) avaient décidé de se retrouver pour la première fois au sommet pour essayer de relancer leur partenariat. à chacun ses raisons, mais une idée de boycott flottait dans les lieux de la rencontre dont on n'attendait plus d'avancée significative sur les points les plus cruciaux comme le code de bonne conduite sur le terrorisme. Au moment où le processus de paix au Proche-orient est bloqué, les Européens ont du mal à assumer la distinction entre la lutte du peuple palestinien pour bâtir un état indépendant et la lutte contre le terrorisme. En cela, ils sont plus proches de la conception israélienne selon laquelle tout combattant est un terroriste. Toujours dans le cadre de ce conflit, les discussions ont achoppé sur la référence aux frontières israéliennes de 1967. Le Haut représentant pour la politique étrangère de l'UE, Javier Solana, espérait pourtant que les attaques terroristes, touchant désormais “les deux côtés de la Méditerranée”, permettraient de faciliter les discussions. Le président de la Commission européenne, Jose Manuel Durao Barroso, a, de son côté, appelé les pays arabes à saisir l'occasion pour se “distancier du terrorisme de façon claire et sans équivoque”, et ainsi “éviter l'association entre le terrorisme et l'islam faite dans certains secteurs de l'opinion”. Selon le secrétaire général de la ligue arabe, Amr Moussa, il faudrait, notamment, distinguer en matière de terrorisme le meurtre de “civils innocents” et la “résistance à des forces d'occupation”. Malgré les discussions tendues sur le “code de conduite”, “ce n'est pas vrai que les leaders arabes ont annulé en raison d'un désaccord sur la définition du terrorisme, chacun a des raisons différentes”, a estimé une source diplomatique européenne. Mais les 35 semblent, également, avoir du mal à s'entendre sur la déclaration finale du sommet. L'égypte et la Tunisie ont opposé de fortes résistances aux pressions européennes pour qu'elles prennent des engagements en matière de bonne gouvernance, de démocratisation, de droits des femmes, selon une source espagnole. à ce sujet, les Européens veulent éviter que les subventions aux ONG soient contrôlées par les gouvernements ou distribuées à des associations soumises à leur contrôle. Ce que ne souhaitent évidemment pas les dirigeants arabes encore rétifs à toute évolution de leurs régimes. Y. Kenzy