L'Algérie a exprimé ouvertement son mécontentement quant aux expulsions de masse. Invitée, hier, à l'émission Grands débats diffusée sur la 2e chaîne algérienne Algerian-TV, Mme Fatma-Zohra Bouchemla, ministre délégué chargée de la Communauté algérienne à l'étranger, s'est longuement prononcée sur les prérogatives de son département et les missions tracées dans le cadre du programme gouvernemental. À ce titre, la ministre a résumé l'esprit même de son intervention en direction de tout Algérien résidant à l'étranger, quelle que soit sa situation, comme cela lui est consacré par la Constitution dans son article 24. C'est du moins ce type de message que compte porter la ministre dans ses bagages, lors de sa tournée très prochainement dans le sud de la France, notamment à Marseille, Toulouse et Bordeaux, pour rencontrer le mouvement associatif. Celle-ci sera suivie, dans les six mois à venir, par une autre visite au Canada. “J'ai hâte de me retrouver aux côtés de mes compatriotes et écouter leurs doléances”, a déclaré la ministre, visiblement décidée à prendre en charge les affaires de la communauté algérienne à l'étranger de manière plus efficiente que les années précédentes et ce, avec l'établissement ou plus exactement la réactualisation du fichier des compétences, la protection et la promotion de la communauté, notamment à travers la finalisation du dossier “épargne” qui sera d'ailleurs bientôt étudié dans le cadre d'un atelier. “L'Algérie n'a ni abandonné ni négligé ses ressortissants. C'est juste que le pays avait, ces dix dernières années, d'autres priorités”, a assuré la ministre avec, preuve à l'appui, des mesures d'urgence décidées en ce sens. Les Algériens seront sans nul doute plus nombreux à visiter le pays cet été, notamment après les deux décisions présidentielles de dispenser les Algériens, nés à partir du 31 décembre 1981, du Service national et les mères algériennes résidentes à l'étranger n'ont plus besoin d'autorisation paternelle pour pouvoir ramener leurs enfants au pays. La ministre a par ailleurs abordé la situation des demandeurs d'asile territorial en précisant que “même ceux-là ont droit à la protection” de son département et que I'Algérie en aucun cas “ne leur fermera les portes s'ils manifestent le désir de regagner le pays”. Quant aux Algériens en situation irrégulière, Mme Benchemla a indiqué qu'ils pouvaient s'inscrire au consulat et bénéficier même d'un laissez-passer. Concernant l'événement de l'année, en l'occurrence l'Année de l'Algérie en France, la ministre a signalé que des mécontentements ont été exprimés par la communauté algérienne qui a estimé qu'elle n'a pas été suffisamment associée à la manifestation. Une préoccupation qui, semble-t-il, a été traitée, puisque les portes du commissariat sont toujours, selon la ministre, ouvertes pour les candidatures. Reste que le nombre de nos ressortissants à l'étranger est très approximatif et que, jusqu'à présent, les autorités algériennes n'évoquent que le chiffre de deux millions. N. S.