Contrairement à ce qu'on pourrait penser, l'annonce de la non-candidature aux élections du président sortant de la Fédération algérienne de football (FAF) ne règle pas pour autant la crise de cette instance fédérale. Loin s'en faut, elle ne fait que transformer un bras de fer entre deux hommes, à savoir le ministre de la Jeunesse et des Sports, Yahia Guidoum, et Mohamed Raouraoua, en un grave litige entre le MJS et la FAF. En effet, il faut savoir que la dernière missive de la tutelle envoyée à la FAF l'obligeant à procéder à la mise en conformité de ses statuts avec l'esprit du décret 05-405 régissant les fédérations sportives pose un problème de fond. Aujourd'hui, avant d'aller aux élections, la FAF doit donc mettre en conformité ses statuts par le biais d'une assemblée générale extraordinaire, car tout changement statutaire doit passer par la base, c'est-à-dire l'assemblée générale. Or, pour ce faire, il faut donc préparer des textes, en l'occurrence, les nouveaux statuts de la FAF selon le nouveau décret, ce qui nécessitera du temps. Les élections de la FAF sont prévues pour le 22 décembre prochain, soit un temps relativement court pour organiser une AG extraordinaire (adoption des nouveaux statuts) et une AG élective. Du coup, il faut s'attendre à ce que la date du scrutin fafien soit reporté à une date ultérieure afin de permettre de voir plus clair en ce qui concerne cette problématique des nouveaux statuts qui, soit dit en passant, ne sont pas sûrs d'avoir le consentement des membres de l'AG de la FAF. Les dernières péripéties de l'AG ordinaire, qui a eu lieu le 20 novembre dernier, sont assez révélatrices à ce titre sur l'opposition de plus en plus grandissante au sein du milieu du football au décret de Guidoum. Cependant, pour faire reporter la date de l'AGE, il faut aussi et surtout une raison valable aux yeux de la FIFA qui scrute ce qui se passe en Algérie et qui a déjà affirmé que seuls les statuts actuels sont valables. Dans le cas contraire, c'est la suspension de toutes les compétitions internationales, des EN et des clubs sans aucun préavis. Un scénario que les Algériens n'osent même pas imaginer car il signifie “une mort in vitro” d'un football déjà sous perfusion. Il signifie également qu'au moment où le MJS cherche à faire sortir le football de son marasme, à travers un plan de redressement, il se dirige directement vers son asphyxie. Du coup, il faut trouver la parade et il se trouve qu'elle est là toute prête : jusqu'à hier, aucun membre de l'AG ne s'est porté candidat aux élections de la FAF. Pas de postulants donc pas d'élections. La commission de candidatures présidée par Saïd Amara se verra évidemment amenée à reporter la date de l'AG et à proroger la date limite du dépôt des candidatures. Entre-temps, une AG extraordinaire est envisageable avec le risque de blocage découlant d'un éventuel rejet des nouveaux statuts par les membres de l'auguste assemblée générale. Il est à noter à ce titre justement que la FAF peut réglementairement refuser de mettre en conformité ses statuts dans l'immédiat puisque l'article 48 du décret 05-405 donne un délai d'une année aux fédérations sportives pour mettre en conformité leurs statuts. En exigeant que la mise en conformité se fasse immédiatement, le MJS a enfreint son propre décret, sans doute pour pousser Raouraoua vers la porte. Le report de l'AGE est donc la solution la plus plausible pour l'heure. Entre-temps, Raouraoua, le président sortant, redevenu un président neutre, après avoir annoncé son forfait, continuera à gérer la FAF, ce qui n'est pas forcement le souhait de la tutelle. Nous vous l'avions dit, c'est de nouveau l'impasse car, désormais, la FAF est dépourvue de candidats mais aussi de “statuts” avec, pis, en toile de fond le glaive de la FIFA. S. B.