À l'ordre du jour du sommet Afrique-France de Bamako, la jeunesse africaine et ses ambitions mais aussi les conflits qui déchirent le continent. Chirac compte redorer l'étoile de son pays… Le sommet franco-africain de Bamako sera l'occasion pour le président français d'essayer de faire reluire l'étoile française dans un continent qui n'est plus considéré comme la chasse gardée de la France. L'Afrique n'est plus en symbiose avec l'Elysée à qui des dirigeants africains reprochent ses interventions intempestives et son parti pris et que même les sociétés africaines ont fini par montrer du doigt, pour ses accointances avec des pouvoirs, plus ou moins honnis, et la faiblesse de ses aides publiques. Pour la première fois, la totalité des pays africains seront présents avec la participation de la Somalie, qui tente difficilement de sortir de nombreuses années de chaos. Ce 23e sommet des chefs d'Etat, qui s'ouvre samedi et dimanche, a pour thème : “La jeunesse africaine, sa vitalité, sa créativité, ses aspirations.” Un Africain sur trois a moins de 25 ans. Un sujet qui introduit le casse-tête de l'immigration, après les récents drames de migrants africains fuyant la pauvreté, qui ont tenté par milliers de forcer le passage vers l'Europe depuis le Maroc. Sur cette épineuse question, la France devrait se faire le porte-parole de l'UE qui, pour l'heure, n'a pas d'autre politique que de dresser des barrières le long de ses frontières. Pour inverser les flux migratoires de l'Afrique, il faut une sorte de plan Marshall mais dont le financement reste entier. Les aides promises par le G 8 sont toujours en attente. Au-delà de ce thème général et consensuel de la jeunesse, les discussions de Bamako devraient largement aborder les conflits en cours, notamment celui de la Côte d'Ivoire où Paris a déployé 4 000 soldats aux côtés d'une force de l'Onu. L'Union africaine (UA), qui a autorisé le maintien au pouvoir pour un an supplémentaire du président Gbagbo, tente de dégager une sortie de crise dans ce pays clef pour la stabilité de toute l'Afrique de l'Ouest et Gbagbo, lui, ne veut plus entendre parler de la France, qu'il accuse derrière ses déconvenues. La situation au Darfour, dans l'ouest du Soudan, qui a fait 300 000 morts et 2,4 millions de réfugiés et déplacés, devrait aussi être abordée, même si l'UA est en charge du dossier. Le sommet de Bamako intervient tout de même au moment où le continent enregistre des évolutions positives. Plusieurs pays sont sortis de longues guerres civiles, pour s'engager dans des processus de paix, comme au Burundi et au Liberia. Mais l'Afrique continue de cumuler d'autres handicaps : la pauvreté et le sida. Cependant, il y a comme un regain d'intérêt pour ce continent qui pèse moins de 2% du commerce mondial. Son pétrole et ses matières premières exercent un attrait sur la Chine, de plus en plus présente, et les Etats-Unis. Face à cette concurrence, Jacques Chirac va certainement défendre l'idée que son pays entend rester un partenaire privilégié et l'avocat de l'Afrique dans les institutions internationales. Il devra au préalable gommer l'image d'une France considérée par les Africains comme le gendarme de l'Afrique et tourner la page de sa longue histoire d'appui à des régimes autoritaires. D. Bouatta