L'absence de Gbagbo et la participation de Mugabé sont les seuls faits saillants d'un sommet vu comme un simple rituel. Le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, sera, à partir d'aujourd'hui, de nouveau à Paris où il participera au 22e sommet France-Afrique. C'est sa deuxième participation à ce type de sommet, le chef de l'Etat algérien, ayant déjà pris part à celui de Yaoundé au Cameroun en janvier 2001 et au tout récent sommet, non moins important, sur la francophonie à Beyrouth en octobre dernier. Le Nepad ( Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique), dont le Président Bouteflika est l'un des chefs d'Etat africains initiateurs, sera l'un des chapitres abordés dans cette rencontre au sommet, cela d'autant que celle-ci est placée sous le thème générique «La France et l'Afrique: ensemble dans le nouveau partenariat», alors que le président français ne cesse de proclamer qu'il veut «remettre l'Afrique au coeur des priorités de la France». D'ailleurs, et à cette fin, il est d'ores et déjà annoncé publiquement dans les coulisses du sommet, que la diplomatie française compte être le «porte-voix» des revendications africaines auprès des riches pays industrialisés à l'occasion du sommet du G8 qui aura lieu de surcroît à Evian au début de juin prochain et auparavant lors du sommet UE-Afrique prévu à Lisbonne au Portugal, le 5 avril prochain. Aussi, il va de soi que ce rituel sommet entre la France et ses anciennes colonies africaines, qui a déjà commencé hier au niveau ministériel et par des entretiens bilatéraux du président Jacques Chirac avec nombre de ses homologues du continent africain, traitera des grands sujets en commun entre les deux parties, inscrits à l'ordre du jour de la rencontre. En tête de liste, il y a tout d'abord, ce fameux partenariat pour la paix et la sécurité en Afrique notamment le règlement des crises et des conflits (celui de la Côte-d'Ivoire en premier), les priorités du développement économique et, enfin, les réponses aux grands défis du monde actuel comme le terrorisme, la criminalité organisée ou les questions de l'environnement. Toutefois, pour nombre d'observateurs et d'analystes des affaires franco- africaines, la conjoncture géopolitique internationale de ces dernières semaines à propos de la crise irakienne et des menaces d'attaques militaires américaines contre ce pays arabe sera omniprésente dans les discussions officielles ou de coulisses. Certains vont même jusqu'à s'interroger sur ce soudain «engagement de la France aux côtés de l'Afrique» après des années d'oubli, sinon de marginalisation de tout un continent honni pour sa misère et sa pauvreté et devenu presque paria dans les discussions sur l'avenir du monde. En fait, dans les milieux diplomatiques, on laisse entendre que la France, isolée par ses pairs anglo-saxons hormis l'Allemagne au sein de l'Alliance atlantique et brouillée avec nombre de ses partenaires européens de l'Est qu'elle vient de «réprimander» fort sérieusement pour leur alignement sur la politique américaine, est à la recherche d'appuis africains à sa position diplomatique sur la crise irakienne au lendemain de ses sollicitations officielles en direction des pays arabes. Au vu de tout cela, les analystes se demandent vraiment qui de la France ou de l'Afrique aidera l'autre, cela dans la mesure où la France seule n'a pas les moyens de venir au secours de l'Afrique pour la sortir rapidement de sa misère et de son sous-développement, et le continent africain, même réuni dans son ensemble, ne pèse pas lourd dans la conduite des affaires internationales.