Chercheur à Lyon et député à l'APN, Kamel Senhadji a été, jeudi dernier, l'hôte de la Maison de la culture de Béjaïa où il a animé, dans une salle comble, une conférence à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida. Le scientifique expliquera d'emblée à l'assistance que “la science et la médecine ont besoin de plus de temps encore, mais les politiques, les parlementaires et la société ne peuvent attendre davantage, car combattre le sida, c'est s'attaquer à ses implications démographiques, politiques et économiques. Sur les plus de 40 millions de personnes vivant avec le VIH-sida dans le monde, 18 millions sont des femmes, elles représentent même 55% des adultes infectés en Afrique subsaharienne et, dans cette région, plus de 2,6 millions d'enfants sont séropositifs. on estime à plus de 11 millions le nombre des orphelins du sida”. M. Senhadji s'est ensuite longuement étalé sur les perspectives, espoirs et limites dans la recherche, notamment celle par thérapie génique expérimentale de l'infection par le VIH. “Bien que certaines stratégies de thérapie génique aient obtenu in vitro des résultats encourageants, il est évidemment prématuré de préjuger une réelle efficacité clinique, quelle que soit l'approche considérée. Cependant, il faut se rappeler que des progrès significatifs récents dans le domaine de la cartographie du génome humain en général et de la thérapie génique en particulier pourront profondément modifier le tableau des années à venir.” À noter que ces travaux de recherche sont, pour la plupart effectués à la faculté de médecine RTH Laennec à Lyon (France), à l'hôpital Edouard Herriot à Lyon et dans d'autres centres de recherches en France. notre interlocuteur nous apprendra qu'“une grande partie de ce laboratoire de recherche en immunologie est en cours de création à la faculté de médecine de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Ce laboratoire de recherches, dont le financement s'élève à 70 millions de DA, a été accordé, en juin 2005, par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. L'entrée en activité de ce laboratoire de recherche est prévue en janvier 2007”. Abordant l'épidémie, le conférencier dira : “plus de 50 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde. Chaque année, 6 millions de nouvelles contaminations sont observées.” Au sujet du coût d'un traitement anti-VIH (trithérapie), il affirmera qu'“il oscille entre 10 000 et 15 000 euros par patient et par année. Quant au coût de la thérapie génique, il n'est pas encore connu à cause des recherches en cours dans ce domaine”. enfin, M. Senhadji, en chercheur avéré, n'a pas manqué de donner quelques chiffres effarants en soulignant particulièrement : “Au Maghreb, l'incidence de l'infection par le VIH est de 0,07%. En Algérie, le nombre de personnes vivant avec le VIH varie de 14 000 à 16 000 et autant au Maroc tandis qu'en Tunisie 6 000 à 8 000 personnes vivent avec le VIH”, conclut-il. A. HAMOUCHE