RESUME : Rabiha perd patience et se sert de la potion d'urgence quand Mahmoud s'en prend à leur fille. Elle ne supporte pas qu'il lève la main sur elle. L'effet de la potion est apparent au bout de quelques heures. Rabiha est rassurée. La vie allait redevenir comme avant… Si leur entourage est surpris d'apprendre que Mahmoud est souffrant, la seule personne à feindre l'inquiétude est sa femme. Rabiha n'a aucun regret et elle doit, parfois, s'efforcer à paraître triste pour lui. Le médecin amené à son chevet ne parvient pas à définir l'origine de la fièvre qui ne le lâche plus. Il a beau exigé et avoir les résultats de la radiographie du thorax et le bilan sanguin, il ne trouve rien de particulier. Il lui prescrit des médicaments pour faire tomber la fièvre. - Si son état s'aggrave, faites-le moi savoir, lui dit-il avant de partir. Rabiha n'a plus un sou. La pension de son mari suffit à peine pour l'achat des médicaments. L'aide apportée par les familles généreuses leur permet de ne pas rester le ventre vide. Mahmoud est au lit depuis presque un mois. Il souffre toujours de la fièvre et parfois de douleurs à la poitrine. - Quand je respire profondément, j'ai l'impression de brûler. - Si tu veux, je te prépare une tisane, propose Rabiha. Cela devrait te faire du bien. Mahmoud ne refuse pas. Elle la lui prépare après le dîner et elle la lui donne avant de se coucher auprès de sa fille. Mayssa a retrouvé son calme et elle ne craint plus son père. Elle a de la peine pour lui. Parfois, la nuit quand elle se réveille et ne l'entend pas tousser, elle se lève et va jusqu'à son lit. - Tu ne devrais pas… Sa maladie, on ignore tout d'elle, lui dit Rabiha. C'est peut-être contagieux ! Retourne te coucher et que je ne te surprenne plus près de lui ! - J'avais peur qu'il… - Et moi, j'ai peur pour toi, insiste-t-elle en la raccompagnant au lit. Dors tranquille. Même si je dors avec toi, je reste à son écoute. Mayssa est rassurée. Elle s'endort vite. Rabiha sent combien sa fille est attachée à son père. Malgré tout. Les jours suivants, l'état de Mahmoud s'aggrave. Il ne peut plus rien avaler et ne peut plus quitter le lit même pour ses besoins pressants. Rabiha va voir le médecin et lui demande de l'aider. Mahmoud doit être hospitalisé. Son état le nécessite. Le malade est transporté à l'hôpital le plus proche. Il est situé à soixante-dix kilomètres du village. Rabiha est contrainte de rester à son chevet et doit se séparer de sa fille. Elle la confie à une voisine. Elle en souffre. Elle peut tout supporter sauf d'en être séparée. Mais il faut bien que quelqu'un s'occupe de son mari. Elle ne veut pas éveiller les soupçons de son entourage et des gens du village. Elle a encore en mémoire l'avertissement de Lalla Cherifa. C'est une potion d'urgence. Si elle s'en est servie, c'est parce qu'elle n'en pouvait plus. Elle sait qu'il n'y a aucun remède au monde pour sauver son mari. Si ce n'était pas la peine qu'aurait sa fille, à sa mort, elle lui en redonnerait un peu, pour qu'il passe de vie à trépas. Mais c'était une fin inévitable. Au bout de quelques semaines d'hospitalisation et de traitements inefficaces, les médecins qui se sont relayés à son chevet déclarent leur impuissance. Après plusieurs mois de souffrance, Mahmoud rend son dernier souffle, un matin d'été. Rabiha n'était pas auprès de lui. Elle était rentrée voir leur fille car Mayssa lui manquait. Le temps de mettre de l'ordre chez elle, d'envoyer sa fille faire quelques achats, elle se prépare à retourner à l'hôpital. Mais à la poste, on tarde à lui remettre la pension de son mari. Elle avait remis ses papiers à son voisin mais l'employé demande à la voir. Elle hésitera à s'y rendre. Mais comme elle n'a pas le choix, elle finit par s'y rendre. Elle retire la pension et après avoir dit au revoir à sa fille, elle retourne à l'hôpital. Elle est surprise de trouver le lit de son mari vide. Une infirmière lui apprend qu'il est mort le jour même de son départ. Elle ne peut pas récupérer son corps car il est déjà enterré. Elle récupère ses affaires et va se recueillir sur sa tombe avant de rentrer chez elle. À son retour, sa fille devine qu'il les a quittés. (À suivre) A. K.