RESUME : L'état de Mahmoud s'est aggravé. Il est hospitalisé. Les médecins qui se sont succédé à son chevet se sentent impuissants. Après plusieurs mois de souffrance, Mahmoud finit par mourir en l'absence de sa femme. Quand elle revient, il est déjà enterré au cimetière de la ville. Rabiha rentre chez elle. Sa fille devine qu'il les a quittées… -Tu disais qu'il allait mieux, lui rappelle Mayssa. Pourquoi m'avoir menti ? - Il allait mieux quand je suis venue, répond Rabiha en la prenant dans ses bras. Tout comme toi, je suis déçue de ne pas l'avoir vu. L'infirmière m'a confié qu'il lui a demandé de te dire qu'il t'aimait beaucoup. - Je sais ! Il m'aimait beaucoup. Rabiha s'est attendue à ce que sa fille ait beaucoup de peine. Elle a perdu son père et sa réaction est compréhensive. Toutefois, elle ne s'en soucie pas. Elle sait que cela lui passera. La nouvelle de la mort de son mari fait le tour du village. Tous viennent pour leur présenter leurs condoléances et leur apporter leur soutien moral et financier. Même le maire est venu, accompagné de sa femme. Mahmoud était connu par sa bravoure durant la guerre de Libération et son invalidité ne l'avait pas empêché de subvenir aux besoins de sa famille en apprenant le métier de cordonnier. Il n'était pas resté inactif même quand il a perçu sa pension d'invalide de guerre. Sa disparition a surpris plus d'un et les a tous émus. Il était le cordonnier du village et qui ne le connaissait pas ? Le maire propose à Rabiha de travailler. N'ayant aucune instruction, elle ne peut pas faire grand-chose. - Enfin, si cela ne vous gêne pas, la femme de ménage va partir en retraite, lui dit le maire. Si vous voulez travailler, je vous propose le poste. - Faire le ménage ? On aura toujours besoin d'une entrée d'argent en plus, répond-elle. Ma fille ira bientôt à l'internat. Il va y avoir des frais. Oui, j'accepte. Il n'y a rien de dégradant à travailler. Rabiha est heureuse d'avoir du travail. Elle pense à l'avenir de sa fille et elle tient à ce qu'elle ne manque de rien. Après être restée quelques jours, à la maison, Mayssa retourne en classe. Sa mère est soulagée. Maintenant qu'elle a repris l'école, elle allait vite oublier sa peine. Elle est jeune. Le temps l'y aidera. Rabiha donne un nouveau départ à sa vie, en se mettant à travailler. Même si elles ne sont pas nombreuses à travailler, son acte suscite le respect. Elle ne profite pas de ses sorties, pour se faire des amies. Elle n'en a aucune envie. Les seules qu'elle fréquente sont ses voisines et comme elle travaille, elle les voit rarement. Dès seize heures, elle fait le tour des classes d'école puis le centre de santé. Sa fille la rejoint quand elle a fini ses devoirs. Rabiha aime rentrer à la maison, en sa compagnie. C'est elle qu'elle envoie à l'épicerie. Mayssa achète ce dont elles ont besoin et parfois ce dont elle a envie. Sa mère adore lui faire plaisir. Celle-ci est heureuse en constatant que le temps avait fini par panser sa blessure. Quand elle évoque la mort de son père, elle a remarqué que l'émotion qu'elle suscite, n'est plus aussi forte. - Maman, je vais bientôt passer mes examens. Comment feras-tu si je réussis mon passage ? - Comment ferais-je ?reprend Rabiha. Mais je serais si fière de toi que ma peine ne comptera pas. Il faut que tu réussisses. Je voudrais que tu sois médecin ou avocate, même ingénieur. Je serais si heureuse. - Je ne te décevrais pas, promet Mayssa. Mais après, quand j'aurais réussi, il faudra que j'aille en ville. Tu pourras supporter d'être séparée de moi? Rabiha ne s'est jamais posée la question mais maintenant qu'elle était soulevée et par sa fille, elle pense à comment résoudre ce problème. Car c'en est un, à ses yeux. Il est hors de condition qu'elle soit séparée de sa fille chérie. Tout tourne autour d'elle. Sa vie est avec elle. Jamais elle ne pourra vivre sans elle. Elle est sa raison de vivre. (À suivre) A. K.