Un second tour est prévu demain à 14h pour départager Aïssat et Kerrouche. C'est à un véritable scandale qu'on a assisté, hier après-midi, à l'occasion des élections pour la présidence de l'Assemblée populaire de wilaya de Tizi Ouzou. M. Rabat Aïssat (FFS) a été élu à la majorité relative et installé officiellement à la tête de l'APW de Tizi Ouzou. Le PV d'installation est signé par le wali, et l'hymne national a clos le cérémonial officiel au nom de la République. Mais voilà, coup de théâtre : alors que tout le monde s'apprêtait à quitter l'hémicycle, l'on se rend compte sur le tard, en se basant sur l'article 25 du code de wilaya, qu'un second tour était nécessaire, dès lors que le président n'était pas élu avec une majorité délibérante, c'est-à-dire plus de 50 % de voix. Compte-rendu d'une élection pas du tout ordinaire. Une première dans les annales algériennes pour tout dire. Commençons par le commencement : sur les 47 membres élus, trois se portent candidats à la présidence de l'APW après les formalités d'usage. Il s'agit de Rabah Aïssat (FFS), Rachid Arabi (RCD) et Slimane Kerrouche (FLN). Après dépouillement, le vote à bulletin secret des 47 membres de l'assemblée a donné les résultats suivants : 20 voix pour Aïssat, 16 voix pour Kerrouche et 11 voix pour le Dr Arabi. C'est à vrai dire le PT qui a fait la différence en reportant ses cinq voix sur le candidat du parti de Hocine Aït Ahmed. C'était d'ailleurs prévisible, puisqu'un “protocole d'accord pour l'unité d'action” a été signé, jeudi dernier, entre les deux partis politiques. Il est donc normal que le président d'APW sortant arrive en tête avec 20 voix ; soit 15 du FFS plus 5 du PT. Le candidat de la formation de Saïd Sadi a glané, lui, 11 voix, soit celles du groupe d'élus RCD, alors que le candidat de l'ex-parti unique est arrivé en deuxième position avec 16 voix, grâce à l'apport des voix des cinq élus du RND. Ce qui donne une majorité relative au candidat du FFS avec 20 voix sur 47. On signe alors le PV d'installation, on clôt la séance et on invite tout le monde à une collation. Bref, tout ce qu'il y a d'officiel puisque Rabah Aïssat est proclamé officiellement président de l'APW. Et puis, hop coup de théâtre : on rameute tout le monde dans un indescriptible brouhaha. “Un second tour est impératif”, s'exclame-t-on, prétextant un article de loi qui codifie l'élection du président de l'Assemblée de wilaya. Sauf que tout le monde n'était pas là. À l'extérieur du siège de l'APW tout comme dans les travées de l'hémicycle, les commentaires vont bon train. “C'est du jamais vu, y compris à Tombouctou”, ironise un élu à l'APW. Pour notre interlocuteur, cela dénote de la volonté du pouvoir d'humilier encore la Kabylie. “Autrement dit, ce n'est pas normal que l'administration méconnaisse à ce point les lois de la République”, ajoute-t-il, avant de rejoindre l'hémicycle. Le wali Hocine Ouadah, qui est revenu à la tribune, s'est confondu en plates excuses devant l'assistance, arguant que l'erreur est humaine. “Je reconnais une erreur d'inadvertance. Un détail nous a échappé, ce n'est pas la fin du monde”, s'excuse le premier magistrat de la wilaya. Il annonce, dans la foulée, un second tour pour l'élection du président d'APW pour demain à 14h. Le président d'APW, si l'on peut l'appeler ainsi, se désole, lui, de cette manière de faire et exige, dans le cas d'un deuxième tour la présence de tous les membres de l'assemblée. “Ce n'est pas le premier coup fourré que l'on fait au FFS, mais nous voulons que la loi soit appliquée dans son intégralité”, affirme Aïssat. En tout cas, l'on n'exclut pas le recours auprès de la chambre administrative si les choses restent en l'état. YAHIA ARKAT