Le jeu des alliances se poursuit pour le second tour prévu aujourd'hui à 14 heures. L'élection antiréglementaire du président de l'APW de Tizi Ouzou, avant-hier, a suscité des commentaires qui ne se recoupent pas du tout pour ainsi dire. réactions compréhensibles de la part des partis de l'alliance présidentielle et acerbes chez l'opposition démocratique. D'abord, les formations de Saïd Sadi et Hocine Aït Ahmed. La bourde de l'administration soulève deux cas de figure pour le RCD. Soit, explique Boussad Boudiaf, c'est l'incompétence qui serait à l'origine de la pagaille qui a prévalu à l'installation illégale du président de l'APW, ou bien “c'est alors l'euphorie d'avoir réussi à écarter le RCD de la compétition qui a poussé le wali à installer dans la précipitation le président de l'assemblée, ignorant que le code de wilaya a été bafoué”, dira encore le président du bureau régional du RCD, pour qui c'est la République qui, dans les deux cas, a laissé une fois de plus des plumes. C'est à peu près la même littérature que ressasse le FFS. “Le caractère carnavalesque de la tentative d'installer l'APW de Tizi Ouzou prouve encore une fois l'indigence d'une administration représentée par des commis de l'Etat, dont les seules compétences sont l'embrouille et le mépris envers les élus de la population”, considère le groupe FFS à l'APW. Dans une déclaration rendue publique hier, les élus du parti de Aït Ahmed estiment qu'il s'agit là d'une machination visant à “dévaloriser davantage le politique”. Une manière comme une autre de “théâtraliser une institution qui a bénéficié de la confiance de la population”, ajoute le FFS, qui n'a pas manqué de faire le parallèle avec “l'arbitraire décision de dissolution que les employés du wali ont exécutée au mépris de toutes les lois et de toute la réglementation”. Mais aguerri qu'il se dit, le FFS alerte l'opinion publique “sur les dérives et la politique des marchandages que le wali voudrait bien orchestrer et mener au sein de cette institution”. Tout en dénonçant cette violence programmée contre ses élus, le FFS dit militer pour une réelle représentation politique et sociale. M. Aïssat, candidat du FFS à la présidence de l'APW, s'est dit, lui, scandalisé par la tournure prise par les événements. Ambiance tout autre chez les autres partis, notamment le RND et le FLN. “C'est malheureux, mais l'erreur est humaine”, rétorquent presque en chœur MM. Mokadem et Lakhdari, respectivement président du bureau de wilaya du RND et chargé de la communication à la commission provisoire de la mouhafadha FLN. “Nous aussi, nous avons notre part de responsabilité”, justifie le député du RND. Le PT ne semble pas vouloir communiquer. Par trois fois, une voix masculine nous a rétorqué, au téléphone, que le responsable habilité à parler au nom du parti n'était pas encore rentré et qu'il fallait donc rappeler. Il est peut-être bon de rappeler à toutes fins utiles que lors du premier tour des élections pour la présidence de l'APW, c'est Rabah Aïssat (FFS) qui a été élu avec une majorité relative de 20 voix, devant Slimane Kerrouche (FLN) avec 16 voix et Rachid Arabi (RCD) avec 11 voix. C'est donc le jeu des alliances qui se poursuit pour le second tour prévu aujourd'hui à 14h. Alors qui de Aïssat ou de Kerrouche aura les faveurs des 47 membres de l'assemblée ? L'arbitrage des 11 élus du RCD sera décisif et pèsera sans doute lourd dans la balance. “La nuit est longue, elle porte conseil”, dit-on. Il est vrai cependant que ce n'est pas uniquement le contrôle de la présidence de l'APW qui fait ruer dans les brancards tout ce beau monde. YAHIA ARKAT